Arrêtons de glorifier la peur comme un moteur à succès
On l’a tous entendu :
“Si ça te fait peur, c’est bon signe.”
“La peur montre que tu es sur la bonne voie.”
“Le succès est juste de l’autre côté de la peur.”
Et t’as sûrement tenté d’y croire.
T’as pris sur toi, tu t’es lancé, le palpitant dans la gorge.
Et parfois, ouais, c’est passé. Mais parfois, ça t’a démonté.
Pourquoi ? Parce que cette idée qu’il faut foncer dès que tu flippes, c’est pas du courage, c’est de la violence.
Alors, oui, la peur a un message pour toi. Et c’est pas toujours “fonce”.
1. La peur n’est pas toujours un feu vert
🧠 Ton cerveau n’est pas ton ennemi, il te protège
La peur, c’est pas juste un bug à surmonter.
C’est un système de signalisation vital, finement programmé pour te garder en vie.
Si tu ressens de la peur face à une situation, ça veut pas dire que c’est le bon chemin.
Ça veut peut-être juste dire :
- “T’as pas encore les ressources.”
- “Ce n’est pas le bon moment.”
- “Tu vas trop vite, trop fort, trop seul.”
Et si tu ignores ça, tu fonces dans le mur.
Pas dans la réussite. Dans le burn-out, l’angoisse, la désillusion.
Glorifier la peur comme un indicateur de vérité, c’est nier sa fonction la plus noble : te protéger.
2. “Fonce malgré la peur” : le slogan préféré des bourreaux de l’intérieur
💢 Tu fais pas un pas de plus, tu te fous un coup de pied au cul
Les gourous adorent ce mantra. Parce que c’est simple. C’est sexy.
Et ça fait croire que la peur, c’est juste un obstacle mental.
Mais ce qu’on ne te dit pas :
- C’est que certaines peurs viennent de traumas bien réels.
- Que ton système nerveux peut saturer, même quand “il n’y a rien de grave”.
- Que forcer, c’est parfois rejouer la scène où on t’a obligé à faire un truc que t’étais pas prêt à vivre.
Et là, c’est plus du dev perso.
C’est du retraumatisme sous stéroïdes.
La peur n’est pas une faiblesse.
C’est un indicateur d’intégrité. De frontière. De signal.
Et parfois, il dit juste : Pas maintenant. Pas comme ça. Pas tout seul.
3. On confond “peur de grandir” et “peur de se violer”
🎭 Deux peurs. Deux mondes.
Y’a la peur de l’inconnu, celle qu’on peut apprivoiser avec de l’info, du cadre, du soutien.
Et y’a la peur viscérale, celle qui te colle à la peau, qui serre la gorge, qui court-circuite ton corps.
Mais dans le dev perso mainstream, on met tout dans le même sac.
Et on te dit :
“T’as peur ? Vas-y, fonce !”
Sauf que cette confusion est dangereuse.
Tu fais des trucs pour “te prouver que t’as dépassé la peur”…
Mais t’es juste en train de te dissocier pour obéir à un concept.
Et ensuite ? T’écris un post LinkedIn en pleurant.
T’expliques que “c’était puissant”.
Alors que t’as juste eu la trouille de ta vie… et personne pour t’aider à l’intégrer.
4. Et si la peur, parfois, c’était un stop légitime ?
🛑 Une alerte. Pas une limitation.
La peur te dit peut-être que :
- T’es pas prêt émotionnellement.
- Tu refais la même connerie qu’avant.
- Tu cours après un objectif qui n’est pas le tien.
Et là, ce que t’as besoin, c’est pas d’une claque motivationnelle.
C’est d’un temps de pause.
C’est de comprendre d’où elle vient, cette peur.
Pas de la dégager à coups de “go hard or go home”.
Si tu continues d’ignorer la peur, elle crie plus fort. Si tu l’écoutes, elle devient une boussole. Pas une prison.
5. Tu veux avancer ? Apprends à lire ta peur, pas à l’écraser
🧰 Quelques clés concrètes :
- Écris ta peur. Nommer, c’est désamorcer.
- Demande-toi d’où elle vient. Est-ce une peur apprise ? Transmise ? Réelle ?
- Fais du pas-à-pas. Tu peux t’exposer progressivement, sans forcer le système.
- Cherche la nuance. Ce n’est pas “j’agis ou je fuis”. Il y a toujours une troisième voie.
- Crée de la sécurité autour de toi. Pas pour t’enfermer. Pour te lancer avec des points d’ancrage.
ta peur ne t’empêche pas d’avancer, elle t’oblige à le faire autrement
T’as pas à foncer à chaque fois que tu flippes.
T’as pas à faire des trucs juste parce qu’ils te terrifient.
T’as à écouter. Sentir. Adapter. Te respecter.
Parce que parfois, le vrai courage, c’est de ralentir. De dire non. De s’attendre soi-même.
Ce n’est pas la peur qui est le problème.
C’est le putain de mythe qu’il faut lui marcher dessus pour réussir.
