Le monde a besoin d’amour ! Le monde a besoin de bienveillance, il faut humaniser tout ça. À force de publications de citations en tous genres et de belles images, tout le monde en est persuadé. Ce monde manque de « bienveillance » et d’une véritable intelligence émotionnelle.
AVERTISSEMENT : ce billet contient des mots violents tels que « dignité », ou « réfléchir ». Le contenu est réservé à un public averti.
Apprendre la bienveillance
Il faut donc se montrer « bienveillant » envers les autres. Et si ce con « d’autre » n’est pas à son tour bienveillant à votre égard, vous avez le droit de le lui rappeler. Avec un brin de mépris, c’est tellement mieux pour clouer le bec de l’impudent.
Pour se montrer bienveillant, il faut être gentil, àl’écoute. Sur un réseau comme Linkedin (machine à prospect diront certains),quoi de plus naturel que de joindre un petit mot bienveillant lors d’uneinvitation à « se connecter ».
Un truc qui montre que l’auteur de l’invitation est déjàintellectuellement connecté, grâce à la bienveillance, au « besoin » (leproblème à résoudre) de la personne contactée. C’est beau la bienveillancecommerciale : devancer le besoin du prospect (le fameux marketing prédictif).
La bienveillance sur internet, c’est rester faussement gentil et courtois en toutes circonstances, surtout quand par-derrière se cache des intérêts commerciaux, faut avouer, se serait con de se fâcher avec un prospect.
Éventuellement, on peut se foutre sur la gueule en privé,mais pas en public, il faut soigner l’image (je connais, j’en ai eu des commeça – gentils tout plein en public, ordures finies en privé).
D’ailleurs, qui voudrait se fâcher avec qui que ce soit sur internet ? Il faut veiller à son image de marque en public. Aussi, il est préférable de la jouer gentil, aimable, serviable, et utiliser le couteau en privé. C’est tellement mieux.
La dignité ??
Alors, si le monde a besoin d’amour, il pourrait aussi bienavoir besoin d’un peu de dignité et d’estime de soi. Parce que si le métier decireur n’existe plus dans la rue, il est largement remplacé par son doublevirtuel. Et visiblement, ça semble rapporter vu le nombre de cireurs.
Attention, il n’est point question de chercher des poux aupremier influenceur, ou au premier cireur de pompes que l’on croiserait ! Lapolémique gratuite pour le plaisir de la polémique, dans le genre inutile, çase pose là.
Et il n’est pas question de moquer les personnes qui suivent un influenceur lorsque celui-ci délivre de bonnes informations, nous fait sourire et même parfois réfléchir.
En revanche, quand vous n’êtes pas d’accord, vous avez le droit de le dire, dans le respect, et surtout, de poser vos arguments, de défendre un point de vue différent, une conviction différente.
La peur, la différence et la norme
C’est vrai, pour bon nombre de personnes, arguments,convictions, respect, c’est un triptyque qui dépasse l’entendement. Je ne saispas comment il est possible de réussir sa vie sans cela. Il me faudra creuserla question. Oser… Oser beaucoup disait Roosevelt.
Réussir à être soi, vivre en accord avec ses principes, ses valeurs, tout en étant conformiste, je ne sais pas, j’avoue que j’ai du mal à saisir le concept. Enfin, non, je le vois bien, ça porte un nom : la peur. Et plus particulièrement, la peur du rejet (voir le besoin d’appartenance de l’ami Maslow).
Avouez que la chose est un brin cynique tout de même. Vouloir tellement être soi et avoir tellement peur de ne pas appartenir que l’on en vient à se conformer pour se sentir appartenir. Sinon, le docteur, il en dit quoi ??
Finalement, ce n’est pas l’autre qui nous fait peur, cen’est pas la différence de l’autre qui nous effraie, mais notre propre peurd’être de ne pas être comme tout le monde.
Alors, nous rejetons avec force ceux qui ont le couraged’être eux, parfois, ils n’ont pas le choix, demandez donc à un noir s’il peutfaire autrement que d’assumer sa couleur de peau et comment il se démerde pourvivre dans une société raciste ??
Demandez donc aux handicapés comment ils font ? Vous pouvezle demander à ma fille, du haut de ses dix ans, elle pourrait vous en apprendresur le sujet.
Sur les réseaux sociaux, l’usage la bienveillance propose un vieux relent d’hypocrisie dans le seul but de ne pas faire de vagues, d’être accepté, d’être reconnu, de se sentir exister. Et dégueule de mots gentils.
Vous savez que les mots ne sont rien, ce qui compte, c’est ce que vous mettez vraiment dedans. J’ai toujours eu un langage « dur », et pourtant, je suis aussi perçue comme une personne dite « bienveillante ». Bienveillante, vraie et sincère. Et tout cela, j’y tiens. Ce sont mes valeurs fondamentales.
Leçon de bienveillance
Je ne veux de mal à personne (ou presque, faut pas déconner), je ne cherche pas la baston, mais quand j’ai quelque chose à dire, je ne me prive pas pour le dire (c’est bien cela aussi la démocratie n’est-ce pas) ? Avec le temps, j’ai appris à m’exprimer avec respect et non avec colère(merci ma formation).
C’est aussi cela la bienveillance, dire ce que l’on pense,ce que l’on croit être juste, le dire avec respect et empathie (comprendre lavision de l’autre et non la piétiner), ouvrir un débat, faire naitre un échangequi pourrait peut-être enrichir les deux parties.
Ce n’est pas parce que vous bousculez l’autre dans sa vision des choses que vous lui voulez du mal, au contraire ! Ceci étant, si l’autre ne veut pas voir, à vous de sentir que c’est peine perdue et de passer à autre chose. Ce n’est peut-être pas le bon moment ou la bonne personne. Vouloir éveiller / aider des gens qui ne veulent pas l’être, c’est perdre son temps et prendre le risque de créer un conflit. C’est inutile.
Donc, savoir vous s’arrêter, c’est faire preuve à la foisd’empathie et de bienveillance. Chacun a le droit de vivre comme il l’entend,n’est-ce pas (elle sonne drôle cette phrase dans un billet aux allures de coupsde gueule, j’aime bien ce contraste).
Je crois que ce monde a bien plus besoin de conscience quede bienveillance. Parce que la bienveillance sans conscience, c’est quoi ? Uneespèce de truc qui pue le jeu d’influence, un jeu de courtisan pour savoir quisera dans le plumard du Roi ou de la Reine à la tombée de la nuit ?
Allons ! Un peu de dignité que diantre ! Tous autant quenous sommes, nous valons bien mieux que cela ! Bien sûr, il nous fautréseauter, faire preuve d’habilité humaine, et tout cela est un jeu. Noussommes d’accord. Vous avez le droit de jouer sans pour autant servir depaillasson au monde entier !
Je ne sais pas si paillasson est une réussite en soi. Allezsavoir, la nature humaine est tellement surprenante.
Appartenir à groupe, être proche les uns des uns des autres, mais pas à n’importe quel prix, et certainement pas au prix de la dignité et de l’hypocrisie. Et encore moins au prix du sacrifice de nos valeurs.