Propos agressifs, violences verbales, prise de tête et craquages à répétition. Dans la relation interpersonnelle, il n’est pas rare d’avoir la sensation que la communication ne passe plus, et l’individu se sent alors démuni, désemparé et sans solutions. Et bien, rassurez-vous ! Il existe une solution pour sortir par le haut de ces conflits qui émaillent le quotidien.
Savons nous bien communiquer ?
Nous pensons toutes et tous savoir communiquer, en effet, nous le faisons chaque jour, depuis le premier jour de notre vie.
Bien entendu, au fil des années, notre communication évolue, et aujourd’hui, nous ne communiquons plus comme le nouveau né que chacun fut un jour.
Pour autant, avons-nous une bonne pratique de la communication ? Hé bien, à en juger par le nombre d’engueulades qui jalonnent les réseaux sociaux, qui teintent les soirées des vies de couple, ou les relations amicales (qui ne le sont plus vraiment à cet instant), il est fort à parier que nous sommes de piètres communicants.
L’être humain perd un temps fou en disputes, palabres, insultes et autres horreurs qui peuvent alors jalonner une engueulade.
Si parfois une bonne soufflante peut remettre quelques pendules à l’heure, cela doit rester occasionnel et ne surtout pas devenir une norme.
S’engueuler est facile, il suffit de laisser l’émotion jouer son rôle et c’est parti pour un tour du grand huit des monstruosités.
Avez-vous senti comme vous sortez vidés, épuisés, rincés et tristes de ces moments-là, de toute cette violence verbale, de cette énorme tension ? Et qu’en reste-t-il ?
Entre chacun des protagonistes se dresse peu à peu un mur qui peut vite devenir infranchissable, chacun campant sur ses positions. Le partenaire d’hier devient alors l’ennemi, le bannit, le traite.
Une communication non violente ?
Oui, c’est possible de communiquer en écartant la violence de nos propos. Depuis quelques années, il existe désormais une méthode connue sous le nom de « Communication Non Violente » (ou CNV), établie par le Pr, M. Rosenberg.
Dans cette méthode, j’ai reconnu l’approche de Claude Steiner et de son livre « l’A.B.C des émotions », qui nous guide lui aussi vers une communication moins brutale, plus apaisée, à l’écoute de l’autre et de soi.
La CNV se fonde sur les quatre grands piliers que sont :
- L’observation (que se passe-t-il ?)
- Les émotions (qu’est-ce que je ressens)
- Les besoins (quel est mon besoin)
- La demande (ce que je veux dire)
Étape 1 : Observation
Que se passe-t-il autour de vous, et qu’est-ce que cela provoque en vous ? Quelles sont toutes ces choses qui vous passent par la tête ?
Avant de parler, prendre le temps de l’observation est salutaire, cela vous donne un instant pour prendre un peu de recul, un peu de distance, un peu de calme aussi.
Beaucoup de dialogues n’en sont plus dès la première parole, simplement parce que la personne qui s’exprime la première le fait un ton inapproprié, agressif, vindicatif.
Pour éviter tout dérapges, donnez-vous un temps d’observation, un temps calme.
Étape 2 : Les émotions et sentiments
Hé oui, nous sommes des êtres d’émotions, ce sont elle qui nous mettent en mouvement, et il n’est pas rare que le mouvement soit incontrôlé, ou que l’émotion déborde.
Comment reconnaitre ce moment où vous êtes en train de déraper ? Vos phrases commencent par « Tu es .. ( plus un jugement) », ou alors comporte une critique, ou des mots tels que « toujours » et/ou « jamais ».
Vous connaissez le célèbre détonateur « Avec toi, c’est toujours pareil, tu ne m’écoutes jamais ! », et en avant la musique.
Avant de vous laisser emporter par vos émotions, interrogez-vous sur ce que vous ressentez à l’instant présent. Vous trouverez ici une longue d’émotions pour vous guider.
Une fois que vous avez mis des mots (dans votre esprit), sur vos émotions, que faire ? Comment formuler ce que vous avez à dire ?
Étape 3 : Le besoin
Quel est votre besoin ? Qu’avez-vous à dire ? Vous avez observé les faits, vous avez mis un mot sur cette émotion qui vous tenaille, bien ! Maintenant, comment aller vous l’exprimer ?
Pourquoi avez-vous besoin de vous exprimer ? Qu’est-ce qui se cache derrière cette émotion ?
Vous pouvez avoir peur, vous sentir abandonné, incompris, il peut se passer énormément de choses de chose en vous. Vous devez donc éclaircir ce besoin avant de le formuler, car ce n’est pas à l’autre de deviner, mais bien à vous de l’exprimer.
Étape 4 : La demande
Maintenant que vous avez fait tout le travail préparatoire, il temps de vous exprimer. Comment allez-vous le faire ?
Allez-vous sauter à la gorge de votre interlocuteur où allez-vous la jouer plus souple sur les pattes arrières ? La seconde solution me semble plus à même de créer un climat de confiance (encore faut-il avoir un minimum de confiance en soi).
Conjointement, la CNV et l’A.B.C des émotions nous apportent un guide à suivre. Rosenberg et Steiner nous disent tous les deux la même chose : s’exprimer aussi clairement que possible, sans jugement aucun.
Par exemple « Lorsque tu rentres tard, et pire encore lorsque tu ne me préviens pas, je me sens abandonné(e) ».
Si vous dites « tu rentres encore tard et en plus tu ne m’as pas prévenu », cela ressemble fort à une critique, et vous poussez alors l’autre dans ses retranchements, delà, il va riposter avec plus ou moins de virulence.
J’aime beaucoup l’idée de « l’action > ressentie », par exemple : « lorsque tu rentres tard, je me sens délaissé.e ». C’est propre, c’est net, ce n’est pas une critique, cela relate un fait, sans jugement, et cela parle notre ressenti.
Avec la CNV, nous pouvons aller plus loin : « Lorsque tu rentres tard, que tu ne me préviens pas, je me sens délaissé.e, et j’ai besoin que tu me préviennes, c’est important pour moi, sans cela, j’ai vraiment l’impression d’être laissé pour compte ».
Là aussi, c’est très propre, ce n’est pas agressif, ce n’est pas une critique, la personne reste sur les faits et formule une demande claire. Nickel !
La CNV en résumé
Il est difficile de résumer l’ouvrage de M. Rosenberg en un seul article tant son contenu est dense, riche et intelligent.
Ce qu’il faut retenir, ce que le mode agressif n’apporte rien de bon, sauf si vous cherchez la baston. Dans le cas contraire, suivre les trois premières étapes pour faire une analyse de votre paysage émotionnel intérieur, ce n’est pas un luxe, ce n’est pas du temps de perdu.
Au contraire, ce seront des joutes verbales en moins, de l’énergie utilisée au mieux, pour de meilleurs moments ensemble. Je crois que cela vaut le coup, qu’en pensez-vous ?