🧠 “Il suffit de vouloir pour pouvoir” :
Vraiment ? Ou juste une claque déguisée en mantra ?
C’est un classique.
Un mantra du développement personnel bas de gamme.
Une punchline qu’on te balance avec le sourire :
“Si tu veux vraiment, tu peux.”
Et franchement, ça sonne bien.
C’est simple, motivant, percutant.
👉 Et complètement à côté de la plaque.
Parce que dans le réel, dans le quotidien, dans la galère, vouloir ne suffit pas.
- Vouloir, c’est le début.
- Pouvoir, c’est une autre affaire.
🔥 Pourquoi ça marche, cette phrase ?
Parce qu’elle flatte ton besoin de contrôle
On veut tous croire qu’on est maître de notre destin.
Que la volonté, la motivation, la visualisation suffisent à changer une vie.
Et ouais, c’est rassurant.
Ça te donne l’illusion que tout est possible, que tout dépend de toi, que tu peux t’élever au-dessus de ton contexte, de ton passé, de ta fatigue.
Mais ça, c’est le rêve des coachs.
Pas la réalité de ceux qui rament.
Vouloir, c’est une étincelle.
Pouvoir, c’est une mécanique complexe qui implique ton contexte, tes ressources, ton parcours, ta capacité physique et mentale, ta charge émotionnelle.
💣 Le problème ?
Cette phrase culpabilise plus qu’elle ne libère
Quand tu veux très fort et que tu n’y arrives pas…
Tu fais quoi ?
Tu te dis que t’es un imposteur ? Que t’es pas assez motivé ? Que tu veux pas “vraiment” ?
Et voilà. La boucle toxique est lancée.
Tu t’auto-accuses. Tu culpabilises. Tu t’enfonces.
👉 Tu finis par croire que si t’échoues, c’est que t’es pas légitime.
👉 Tu finis par douter de ton désir. De toi. De ton droit d’essayer.
Cette phrase, à force de te vendre la toute-puissance, te renvoie en pleine gueule ton impuissance.
⚙️ Vouloir, c’est une intention.
Pouvoir, c’est un système
Tu veux une reconversion pro ?
Mais t’as deux gamins, un prêt, aucune marge de manœuvre.
Tu veux écrire un livre ?
Mais t’as un trauma qui te fait bloquer dès que tu poses deux phrases.
Tu veux faire du sport ?
Mais t’as un corps fatigué, des douleurs chroniques, ou juste une santé mentale en vrac.
Tu vois le tableau ?
Le contexte n’est pas une excuse. C’est une donnée.
Et ignorer ça, c’est cracher à la gueule de la réalité.
🧭 Pouvoir, ça se construit. Ça s’apprend. Ça se dose.
Quand tu dis à quelqu’un “tu peux si tu veux”, tu effaces tout un chemin.
Tu ignores :
- La charge mentale.
- Les blessures non digérées.
- Le niveau d’énergie réel.
- Les ressources disponibles ou absentes.
- Le rythme personnel, unique et non-linéaire.
Pouvoir, ce n’est pas tout faire.
C’est faire un petit pas, possible, aujourd’hui.
Même bancal. Même lent. Même moche.
Et si ce pas ne ressemble pas à celui des autres ?
On s’en fout. C’est TON pas.
🧱 Le fantasme du mérite : si tu veux, tu peux, donc tu mérites
Cette croyance glisse un autre poison :
Si tu veux, tu peux. Donc si tu n’as pas, c’est que tu n’as pas voulu assez. Donc tu ne mérites pas.
Tu vois le piège ?
👉 On mélange désir, capacité, et valeur.
Et à la fin, on condamne les gens à la honte d’échouer là où “d’autres y arrivent”.
Mais ces “autres”, ils ont quoi ?
- Du réseau ?
- Du capital ?
- Du temps libre ?
- Un corps en bonne santé ?
- Une enfance stable ?
- Un entourage soutenant ?
Tu crois vraiment qu’on part tous avec le même sac à dos ?
🤲 Repenser le “pouvoir” en fonction de ton réel
Tu peux vouloir. C’est précieux.
Mais pour pouvoir, tu dois :
- Observer ton contexte avec lucidité.
- Identifier tes ressources actuelles (temps, énergie, entourage, argent, mental).
- Travailler sur tes croyances (celles qui te freinent).
- Avancer par itération, pas par miracle.
- T’entourer des bonnes personnes, qui t’aident à adapter, pas à fantasmer.
Pouvoir, c’est pas faire comme les autres. C’est faire avec ce que t’as.
🧨 En conclusion : arrêtons de balancer cette phrase comme une vérité universelle
“Il suffit de vouloir pour pouvoir” ? Bullshit.
Vouloir est une étincelle.
Pouvoir est une construction.
Et ce n’est pas moins noble. Ce n’est pas moins méritant.
C’est même plus courageux.
Parce que c’est là que tu te confrontes à toi-même.
À ta fatigue. À ton histoire. À ton environnement.
Et que tu choisis quand même d’avancer. Un peu. À ton rythme. Avec ce que tu peux.
Et ça, c’est mille fois plus puissant que tous les mantras du monde.
