Le mythe de la guérison par la compréhension
Tu crois que si tu comprends tout, tu vas enfin aller mieux
Tu dissèques ton passé comme un enquêteur. Tu veux tout relier, tout expliquer.
Pourquoi t’as peur. Pourquoi tu doutes. Pourquoi tu sabotes.
Tu te dis : “Si je comprends bien, alors je pourrai changer.”
Alors tu creuses. Encore et encore.
Tu fouilles tes souvenirs, tu recadres, tu analyses, tu lis des livres de psy, tu identifies des schémas, des blessures, des déclencheurs.
Et tu te sens plus intelligent. Plus lucide. Mais pas plus libre.
Parce que camarade, comprendre ne suffit pas pour guérir.
Et parfois, ça t’empêche même de guérir.
Tu veux une explication à tout. Mais la guérison, c’est pas une équation. C’est pas un problème logique à résoudre.
C’est une traversée.
Tu ne guériras pas avec ta tête
La blessure est émotionnelle. Pas intellectuelle.
La tête est brillante. Elle observe, elle connecte, elle anticipe. Mais quand il s’agit de soigner un cœur cabossé, une estime de soi en ruine, une peur panique de l’abandon… elle est larguée.
- Tu peux expliquer ton trauma par A + B,
- Tu peux nommer ta blessure d’humiliation,
- Tu peux comprendre le rôle de ta mère, de ton père, de la société…
Mais tant que tu ne laisses pas ton corps ressentir ce que t’as anesthésié pendant des années, tant que tu n’oses pas pleurer, trembler, hurler, rester sans réponse…
rien ne bougera.
Parce que la guérison, c’est pas une prise de conscience.
C’est un lâcher-prise. C’est arrêter de vouloir tout comprendre, tout contrôler. C’est accepter d’être traversé. Et ça, ça se vit. Pas se pense.
Chercher à comprendre devient parfois une stratégie d’évitement
Tu intellectualises pour pas sentir
Quand tu commences à approcher une vraie douleur, celle qui vient te chercher au fond du ventre, celle qui te coupe la gorge et te serre le cœur…
Qu’est-ce que tu fais ?
Tu remontes dans ta tête. Tu vas chercher un concept. Un modèle. Une putain d’analyse. C’est plus safe. C’est plus propre. C’est plus sous contrôle.
Mais la guérison, mon pote, c’est pas propre. C’est pas structuré, c’est pas logique. C’est le bordel.
- C’est pleurer sans savoir pourquoi.
- C’est sentir ton ventre se nouer sans pouvoir mettre un mot dessus.
- C’est trembler dans le noir sans comprendre d’où ça vient.
Et ça, si tu refuses de le vivre… tu vas tourner en rond toute ta vie en croyant “travailler sur toi”, alors que tu passes ton temps à éviter de ressentir.
Guérir, c’est vivre avec ce qui ne sera jamais clair
Tu veux tout comprendre ? Accepte que certaines choses resteront floues
Tu veux que tout ait du sens. Que tout soit logique. Mais la vie ne fonctionne pas comme ça. Parfois, t’as mal sans explication. Parfois, t’as peur sans déclencheur clair. Il est difficile d’accepter que certaines douleurs persistent malgré tous nos efforts pour les comprendre. Les limites de la gratitude seule nous rappellent que le simple fait d’être reconnaissant ne suffit pas toujours à apaiser nos tourments. Parfois, il est nécessaire de plonger dans l’inconnu et d’affronter ces sentiments sans chercher à les justifier.
Et tu sais quoi ? C’est OK.
T’as pas besoin d’avoir toutes les réponses pour avancer. T’as pas besoin de connaître tous les “pourquoi” pour poser un putain de “comment”.
Tu peux te reconstruire avec des morceaux incomplets.
Regarde bien :
- Tu veux comprendre pourquoi t’as été abandonné ?
- Ou tu veux apprendre à t’aimer même avec ce trou-là dans le cœur ?
Tu veux analyser pourquoi t’as été rabaissé ?
Ou tu veux reprendre ta place, maintenant, sans plus attendre une validation ?
C’est ça, guérir.
C’est pas réparer. C’est pas effacer.
C’est apprendre à vivre avec. À créer autour.
À faire de la place à la lumière même s’il reste de l’ombre.
Conclusion – La guérison, c’est pas un concept. C’est un choix
Et ce choix, tu peux le faire même sans tout savoir
Camarade, écoute bien :
Tu veux guérir ? Commence par te foutre la paix.
Arrête de tout sur-analyser.
Arrête de vouloir maîtriser le chaos.
Arrête de croire que ton cerveau a les clés du coffre.
Le vrai moteur, c’est ton cœur. C’est ton corps. C’est ton courage.
- Accepte de pas tout comprendre.
- Et avance quand même.
- Fais un pas, un seul, vers un peu plus de douceur.
- Un peu plus de toi.
Et surtout : ressens.