Recevoir, c’est pas instinctif quand t’as grandi en mode survie
T’as tellement pris sur toi que t’as oublié comment accueillir
Camarade, on va dire les choses franchement : si t’as du mal à recevoir – de l’amour, du soutien, des compliments, des bonnes nouvelles – c’est pas parce que t’es froid·e ou distant·e.
C’est parce que t’as pas appris.
Ce que t’as appris, c’est :
- à te débrouiller seul·e
- à serrer les dents
- à ne pas avoir besoin des autres
- à pas faire chier
- à mériter ton droit d’exister par l’effort
Et à force de survivre, t’as fini par croire que recevoir, c’était suspect.
Ou pire : que c’était dangereux.
Recevoir, c’est s’ouvrir. Et s’ouvrir, t’as appris à pas le faire
Pour survivre, t’as dû fermer les portes. Aujourd’hui, c’est elles qui te bloquent
Quand t’étais gamin·e, peut-être que :
- quand tu demandais, on te rejetait
- quand tu pleurais, on se moquait
- quand tu voulais, on te disait que t’étais “trop”
- quand tu avais besoin, on te faisait sentir que t’abusais
Alors tu t’es blindé·e.
Et ce blindage, il t’a sauvé·e.
Mais aujourd’hui, il t’empêche de vivre.
Parce que recevoir, c’est être perméable. C’est tendre les bras. C’est dire “je veux” sans avoir honte.
Et si t’as jamais osé faire ça… c’est normal que tu bloques quand quelqu’un t’offre quelque chose sans contrepartie.
T’as l’impression qu’il y a une arnaque.
Tu crois que recevoir, c’est une dette
Parce qu’on t’a appris que tout se payait, surtout la gentillesse
Quand quelqu’un te fait un compliment, tu minimises.
Quand on t’aide, tu t’excuses.
Quand la vie t’envoie du bon, tu paniques.
Tu crois pas mériter.
Tu crois qu’on va te le faire payer.
Ou tu crois que c’est un piège.
Et si t’acceptes, tu te sens redevable.
Mais camarade… recevoir, c’est pas voler. C’est pas profiter.
C’est laisser entrer ce que tu mérites déjà.
La vraie blessure, c’est pas de manquer. C’est de croire que t’as pas le droit d’avoir
Et c’est ça qui te garde dans la survie, même quand tout va bien
Tu peux avoir une vie stable, un taf, des gens autour…
Et quand même vivre en mode alerte permanente.
Comme si t’attendais que ça parte, que ça s’effondre, que quelqu’un dise “c’est bon, t’as assez eu, rends.”
C’est pas que t’es ingrat·e.
C’est que ton système nerveux n’a jamais connu la sécurité.
Alors quand elle arrive, tu l’interprètes comme une menace.
Et tu sabotes. Tu coupes court. Tu fuis. Tu refuses.
Tu restes accroché·e à l’idée que tu dois faire plus, être plus, prouver plus. Tu es paralysé·e par cette peur de la confrontation intérieure, craignant d’affronter tes vérités les plus profondes. Tu tentes de fuir ce qui te dérange, mais en réalité, c’est dans cette acceptation que se trouve la clé de ta transformation. Chaque fois que tu te dérobes, tu t’éloignes un peu plus de la liberté que tu chéris tant.
Mais recevoir, c’est pas mériter.
C’est accueillir ce qui est déjà là. Sans te justifier.
Alors, comment tu réapprends à recevoir quand t’as appris à survivre ?
C’est pas un bouton à activer. C’est un muscle à rééduquer
T’as pas besoin d’être “prêt·e”.
T’as besoin de t’entraîner.
Un peu. Chaque jour. En douceur.
Voici quelques pistes concrètes :
- Commence par dire merci. Vraiment. Sans te justifier.
Quelqu’un te fait un compliment ? Dis merci. Point.
Pas “oui mais”, pas “c’est rien”. - Accepte les petits gestes. Sans rendre.
Laisse quelqu’un t’ouvrir une porte, t’offrir un café, t’aider sans courir après un équilibre immédiat. - Laisse-toi toucher.
Par une parole, un regard, une main sur l’épaule. Même si ça t’émeut, même si ça gratte. - Note ce que tu reçois déjà.
Tous les jours. Une parole, une présence, un sourire. Ce que tu captes, ton système apprend à l’intégrer. - Autorise-toi à vouloir. Sans honte.
Formule tes désirs. Même les petits. Juste pour reprendre le réflexe de dire “j’aimerais”.
C’est pas grand-chose.
Mais ça change tout.
Parce que recevoir, c’est pas un luxe.
C’est une compétence que tu peux récupérer.
Conclusion – T’as pas besoin de mériter l’amour, le repos, le soutien. T’as juste besoin de t’ouvrir
T’as pas été programmé·e pour recevoir. Mais t’as le droit de réécrire le code
Camarade, t’as survécu.
Et c’est déjà énorme.
Mais aujourd’hui, t’as plus besoin de survivre.
T’as besoin de vivre.
Et vivre, ça veut dire recevoir autant que tu donnes.
Laisser les choses bonnes entrer.
Sans fuir.
Sans douter.
Sans saboter.