Réfléchir à soi avant d’agir ?
Avant même de parler d’introspection, il faut se poser une question brutale, mais essentielle :
Pourquoi est-ce qu’on ne se pose pas de questions sur soi ?
Pourquoi on parle, on agit, on réagit… sans prendre le temps de se regarder faire ?
Pas besoin d’avoir un doctorat en psychologie pour s’en rendre compte : la plupart des gens traversent leur vie en pilote automatique. Et parfois, même ceux qui se croient “conscients” fuient leur propre miroir.
Alors, on va en parler. Vraiment. Pas pour juger. Pas pour accuser. Mais pour comprendre ce qui nous bloque. Et surtout, ce que ça coûte.
1. Réfléchir à soi, c’est déjà s’avouer imparfait
🤯 Et ça, ça fait mal à l’égo.
Penser à soi, à ses actes, à ses mots… ça a l’air simple. Mais c’est terrifiant. Parce que ça veut dire accepter que :
- Tu as pu blesser quelqu’un.
- Tu t’es planté.
- Tu as agi par peur, par colère, par fierté.
Et ça, c’est insupportable quand on a passé une vie à essayer d’être “le gentil”, “la bonne personne”, “celle qui fait tout bien”.
Claire, notre persona, le vit tous les jours. Elle s’excuse à peine d’exister. Alors imaginer qu’elle ait pu faire du mal ? Elle préfère fuir.
Et c’est humain. On n’a pas été élevé pour assumer nos ombres. On a été dressé pour plaire, réussir, faire bonne figure.
Selon Carl Rogers, psychologue humaniste, l’un des plus grands obstacles au changement, c’est la peur de découvrir une image de soi qu’on ne saura pas aimer. C’est pour ça qu’on évite.
👉 Réfléchir à soi, c’est déjà oser se regarder avec honnêteté.
Et ça demande du courage. Pas des likes.
2. Le bruit du monde nous déconnecte de nous-même
🌪 On pense trop… mais pas à nous.
Aujourd’hui, on est saturé d’infos, de tâches, de sollicitations.
On pense boulot, enfants, notifications, charge mentale.
Mais rarement à nos intentions. Nos valeurs. Nos vérités.
Stephen, l’un des clients accompagnés, me l’a dit un jour :
“Je suis en train de réussir une vie que je ne supporte plus.”
Il n’avait jamais pris le temps de se demander : est-ce que je veux vraiment cette vie ? Ou est-ce que je la subis, par habitude ?
Il était trop occupé à avancer.
Avancer vite. Mais sans direction.
Ce n’est pas qu’on est paresseux.
C’est qu’on a peur du silence. Peur de ce qu’on pourrait entendre si on s’arrêtait vraiment.
Parce que dans le silence… on pourrait entendre le doute. La honte. L’incohérence.
🔍 Le bruit nous protège. Le silence nous expose.
3. On confond introspection et accusation
🧨 Se regarder, ce n’est pas se flageller.
Beaucoup croient que réfléchir à leurs paroles ou leurs actes, c’est forcément s’accuser.
Alors, ils évitent. Ils rationalisent. Ils justifient :
- “J’ai dit ça, mais c’est parce que j’étais fatigué.”
- “Je suis comme ça, je suis cash.”
- “J’ai mes raisons.”
Mais se regarder ne veut pas dire se condamner.
Ça veut dire : observer, comprendre, transformer.
La psychologue Brené Brown l’explique bien :
“La vulnérabilité, ce n’est pas une faiblesse. C’est la condition pour être en lien.”
Et oui, se remettre en question, c’est vulnérable.
Mais c’est la seule voie vers un vrai changement. Un changement sincère. Durable.
4. Ce qu’on fuit, c’est la responsabilité
🧱 Parce qu’assumer, c’est lourd.
Réfléchir à soi, à ses impacts, c’est poser une vérité difficile :
On est responsable. Pas coupable. Mais responsable.
Responsable de ce qu’on choisit de dire. De ce qu’on laisse passer. De ce qu’on tolère.
Et ça… ça dérange.
Parce que si tu regardes bien, dans chaque tension relationnelle, il y a une part de toi.
Même minime. Même silencieuse. Même passive.
Mais tant qu’on croit qu’on est “la bonne personne” dans l’histoire, on ne regarde pas.
On préfère blâmer l’autre. La société. Le passé. La fatigue.
N’importe quoi… sauf soi.
👉 Se remettre en question, ce n’est pas s’écraser. C’est reprendre le pouvoir.
5. Le miroir ne doit pas devenir une arme
🤝 On ne change pas en se haïssant.
Si tu veux avancer, tu dois pouvoir te regarder… sans te détester.
Joris, un autre client, l’a dit en une phrase :
“Je croyais que changer l’extérieur allait suffire. Mais c’est à l’intérieur que ça bloquait.”
Il ne s’agissait pas de culpabiliser.
Il s’agissait d’oser voir.
De comprendre ses automatismes.
Ses peurs. Ses fausses bonnes intentions.
Mais pour ça, il faut un espace sécurisé. Pas un ring.
C’est tout l’enjeu : avant d’imposer la lucidité, il faut offrir la sécurité.
C’est la condition pour que l’introspection ne soit pas un supplice, mais un levier.
Ce que tu peux faire maintenant (vraiment maintenant)
- Prends 5 minutes. Écris une situation récente où tu as réagi trop vite.
- Pose-toi 3 questions simples :
- Qu’est-ce que j’ai voulu protéger ?
- Quelle peur se cachait derrière ma réaction ?
- Si je pouvais rejouer la scène, que dirais-je différemment ?
Et surtout… ne te juge pas.
Regarde. Accueille. Et ensuite, décide.
Parce que c’est ça, grandir : pas se condamner, mais s’ajuster.
Pas devenir parfait. Devenir vrai.
