T’es pas fainéant, t’es en panique devant la ligne d’arrivée
Ce n’est pas un manque de volonté, c’est une peur camouflée
Camarade, on va mettre les pieds dans le plat : si tu bloques toujours à la fin, quand tout est prêt, quand il reste juste un pas… ce n’est pas la paresse.
Ce n’est même pas de la procrastination au sens classique. C’est de l’auto-sabotage de haute précision.
Tu connais ça :
- T’as fait le plus dur
- T’es à un doigt de signer, de lancer, d’envoyer, de dire oui
- Et là… tu bloques. Tu repousses. Tu disparais.
Tu sens que ça monte : cette boule au ventre, ce doute qui devient immense, cette voix intérieure qui dit “Et si c’était pas assez ?”, “Et si on me voyait pour de vrai ?”
Ce que tu ressens, ce n’est pas une hésitation rationnelle. C’est un mécanisme de protection. Parce qu’en réussissant, tu vas devoir affronter quelque chose de bien plus flippant que l’échec : toi-même.
Réussir, c’est devoir assumer d’exister pour de vrai
Et ça, c’est terrifiant quand on a toujours cru qu’on valait pas grand-chose
On te l’a peut-être jamais dit, mais réussir, c’est prendre de la place. C’est se rendre visible. C’est sortir de l’ombre.
Et si t’as grandi en pensant qu’il fallait surtout pas déranger, pas en faire trop, pas s’imposer, alors réussir devient un danger.
Parce que la réussite, elle éclaire tout.
Y compris ce que t’as toujours essayé de planquer.
- Ton syndrome de l’imposteur
- Ta peur d’être critiqué·e
- Ton sentiment de ne pas être légitime
- Tes doutes sur ta propre valeur
Et là, ça coince. Parce que réussir, c’est plus seulement avoir des résultats. C’est incarner quelque chose.
Et si t’as pas encore guéri ton rapport à toi-même, c’est plus facile de foirer. C’est plus confortable de dire “j’ai pas réussi” que “j’ai réussi… mais j’ai peur d’être vu·e.”
Échouer, c’est douloureux. Mais c’est connu. Et ce qui est connu, rassure
Tu veux avancer, mais t’es attaché·e à ce que tu veux quitter
C’est l’un des plus gros paradoxes du changement :
tu veux autre chose… mais tu tiens encore à ce que tu connais.
Pourquoi ?
Parce que même si ça fait mal, ça t’est familier.
T’as appris à vivre avec le doute, avec le sentiment d’échec, avec l’impression de devoir faire tes preuves. T’as peut-être même bâti ton identité autour de ça. Alors réussir, ce serait lâcher tout ça. Et ça fait peur.
C’est comme si tu quittais une vieille maison toute pourrie mais pleine de souvenirs.
Elle est bancale, elle fuit de partout…
Mais tu sais comment t’y déplacer les yeux fermés.
Réussir, c’est débarquer dans du neuf. Et même si c’est mieux, ça te désoriente.
Tu ne te sabotes pas par bêtise. Tu te sabotes par loyauté inconsciente
T’as peur de trahir quelque chose (ou quelqu’un) si tu réussis
C’est pas toujours évident, mais une partie de toi associe la réussite à une trahison.
- Trahir tes origines
- Trahir ta famille (“on ne s’en sort pas chez nous”)
- Trahir une version de toi que t’as tellement traînée
- Ou trahir ceux qui n’y arrivent pas
Et cette loyauté invisible, elle te tire vers le bas. Pas parce que t’es incapable. Mais parce que t’as pas encore osé dire : “j’ai le droit d’avancer, même si ça dérange.”
Alors tu t’arrêtes juste avant.
Tu flanches à deux doigts du résultat.
Tu trouves un prétexte. Tu provoques l’échec.
Et tu te dis : “c’est pas le moment.”
Mais camarade… ça ne sera jamais “le bon moment” tant que t’auras pas décidé que tu y avais droit.
Alors comment tu fais pour arrêter de bloquer ?
Tu ne règles pas le problème en essayant de “te motiver” plus fort
Tu crois que la solution, c’est de te secouer. De bosser plus. De “vaincre la flemme”.
Mais non.
La solution, c’est d’aller regarder ce que tu fuis.
Voici ce que tu peux faire concrètement :
- Demande-toi ce qui t’arriverait si tu réussissais. Qu’est-ce qui te fait peur là-dedans ?
- Identifie la personne ou la partie de toi que tu crois trahir
- Accepte que tu puisses avancer sans avoir tout réglé à l’intérieur
- Autorise-toi à finir, même imparfaitement. Le parfait, c’est un piège. Le “fait”, c’est la libération
Et surtout : rappelle-toi que réussir, c’est pas te prouver que t’es légitime.
C’est juste continuer d’avancer. Même avec tes doutes.
Conclusion – Ce n’est pas le résultat qui t’effraie, c’est la place que tu dois prendre pour l’atteindre
Tu bloques pas parce que tu peux pas. Tu bloques parce que t’oses pas encore dire : “j’ai le droit d’y arriver.”
Camarade, t’as pas peur d’échouer.
T’as peur de réussir et de ne plus pouvoir te planquer.
T’as peur d’être exposé·e.
T’as peur qu’on t’attende au tournant.
T’as peur de voir en face ce que t’as toujours évité.
Mais tu sais quoi ?
La peur, elle est normale.
Ce qui compte, c’est de pas la laisser décider à ta place.