🧱 NotAllMen ? Oui, et j’assume
J’entends “les hommes” et je lève les yeux.
Parce que j’en ai marre.
Parce que j’en ai ras-le-bol d’être mis dans le même sac que des mecs qui, eux, oui, ont levé la main, imposé le silence, franchi la ligne.
Moi, j’ai rien fait.
Et mieux : j’ai agi.
J’ai défendu. J’ai protégé. J’ai élevé la voix quand d’autres fermaient leur gueule.
Et pourtant, je me sens visé, même indirectement, par cette colère collective qui enfle et généralise.
Alors j’ouvre la bouche. Et on me tombe dessus.
“Ah ben tiens, encore un #notallmen. Défensif, fragile, égocentré.”
Mais c’est pas ça.
Cette idée qu’utiliser “Not All Men”, c’est forcément qu’on se sent visé ? Sérieusement ?
Non.
C’est que je refuse l’amalgame débile. Je refuse d’être mis dans le même sac que ceux qu’on combat, alors, c’est pas fuir sa responsabilité, c’est protéger son intégrité.
Si t’as besoin de généraliser pour exprimer ta colère, fais-le.
Mais assume que ça flingue aussi ceux qui sont debout à tes côtés.
Et les mecs qui te tombent dessus quand tu dis NotAllMen, parlons-en.
Les mecs “alliés”, qui jouent les féministes plus radicaux que les femmes elles-mêmes…
Ils cherchent quoi exactement ?
- À se faire bien voir ?
- À gagner des likes ?
- À planquer leur lâcheté derrière des grands principes ?
Et quand t’as besoin de t’écraser ou de cirer des pompes pour exister, t’es quoi ? On peut dire que t’es un paillasson ? Que tu profites de l’aubaine pour te placer ? Ca te pique ? Tant mieux, c’est fait pour.
🎯 Non, je ne nie pas la violence. Je l’ai vue. Je l’ai combattue.
Ma mère s’est faite cogner par mon père. J’ai vu. J’ai bougé.
Ca arrivait plusieurs fois par mois. Alors, oui, la violence, je connais.
Dans le métro, j’ai réagi. J’ai fait face, même quand ça foutait la trouille.
J’ai pas détourné le regard. J’ai pas trouvé d’excuse. J’ai pas attendu que quelqu’un d’autre agisse.
Je sais ce que vivent beaucoup de femmes.
Et je suis de leur côté. Sans détour.
Mais justement, c’est parce que je suis de leur côté que j’ai besoin de dire ça :
Arrêtez de dire “les hommes” comme si tous étaient des agresseurs potentiels.
👉 Parce que ça n’aide pas. Ça divise. Ça stigmatise. Ça entretient une peur généralisée qui finit par nous faire perdre en clarté, en cohérence, en humanité.
🧠 Dire “les hommes”, c’est dangereux. Pas parce que c’est faux. Parce que c’est flou.
👉 Oui, les chiffres sont accablants.
👉 Oui, les violences systémiques existent.
👉 Oui, les hommes dominent encore, statistiquement, les sphères de pouvoir, de violence, de silence.
Mais si tu veux construire un dialogue, si tu veux vivre dans un monde ou chacun se respecte, tu peux pas ériger une catégorie entière comme suspecte par défaut.
👉 Alors, désolé, mais quand tu dis “les hommes”, tu ne parles plus du problème, tu parles d’un genre. Et là, ça dérape.
Tu balances une grenade émotionnelle, et tu t’étonnes que certains reculent.
Mais même les alliés finissent par se taire quand ils sentent que la parole est piégée.
🛑 Je ne suis pas responsable de ce que je n’ai pas fait
Responsable = réponse + capacité.
Et oui, j’ai cette capacité à répondre, à agir, à m’interposer.
Je le fais. Je l’ai fait. Je continuerai.
Mais je ne suis pas le débiteur éternel d’un passé que je n’ai pas écrit.
Et je ne laisserai pas cette colère, aussi légitime soit-elle à l’origine, m’écraser au nom d’une généralité.
- Je ne suis pas ton ex violent.
- Je ne suis pas ton collègue toxique.
- Je ne suis pas ton agresseur.
Je suis un homme.
Et je veux rester un allié libre, debout, pas un coupable silencieux.
🧭 On peut dénoncer sans amalgamer. On peut lutter sans accuser en bloc.
Si tu veux que ça avance, vraiment, faut arrêter de tirer sur tout ce qui bouge.
Faut faire la différence entre :
- Les mecs qui font partie du problème.
- Ceux qui ferment les yeux.
- Et ceux qui agissent, même dans l’ombre, même sans en parler.
Mets-nous dans le bon camp. Sinon, tu vas te retrouver seule, encore.
Pas parce qu’on s’en fout.
Mais parce qu’on n’en peut plus d’être dans une salle où aucun dialogue réel n’est possible.
💬 Oui, je dis “not all men”. Parce que c’est vrai.
Pas pour me laver les mains.
Pas pour détourner la conversation.
Mais parce que je refuse que la colère efface la nuance.
Parce que si tous les hommes sont des agresseurs en puissance, alors même ceux qui se lèvent pour vous défendre sont des menaces.
Et ça, c’est un monde que je refuse.
Un monde sans repères. Sans ponts. Sans issue.
🔚 En conclusion : je reste droit. Je ne me tairai pas.
Je t’entends. Je te respecte. Je te crois.
Et je ne serai pas non plus celui qui crie partout qu’il est “féministe”, qui vient défendre la pauvre femme victime à chaque occasion, en surjouant l’indignation.
Pas parce que ce n’est pas mon combat — ça l’est. Profondément.
Mais parce que je refuse d’endosser ce rôle de mec “safe” qui fait le bon élève pour qu’on le félicite, ou pour pecho une femme sur les réseaux ou dans un bar.
Parce que quand tu joues trop bien l’allié, ça finit par sonner faux.
Et ce que je suis, ce que je fais, ça n’a pas besoin d’être marketé.
Je reste là. Présent. Vrai. Pas parfait. Mais entier.
Tu veux qu’on avance ensemble ?
Parle-moi comme à un homme, pas comme à un symbole.
Et tu verras : je suis là. Vraiment là.
