Comment gérer ses émotions sans se trahir
Il y a des jours où tu n’as même pas besoin qu’on te parle pour te sentir à cran.
Un regard mal placé, un mail sec, une attente dans une file d’attente, et c’est le feu intérieur.
Pas la grande colère visible. Non. Ce feu-là est silencieux. Il brûle doucement.
Et toi, tu encaisses. Tu ravales. Tu te dis que ce n’est pas grave.
Mais à force de ne pas laisser sortir… ça déborde.
Aujourd’hui, on va parler de ça.
Pas comment “calmer” tes émotions. Comment les écouter. Les comprendre. Les accueillir.
Sans les fuir. Sans t’y noyer.
Et surtout : sans te renier.
🌪 Pourquoi tu n’arrives pas à gérer tes émotions
Une hypersensibilité qu’on t’a jamais appris à lire
Tu ne manques pas de volonté. Tu manques de repères.
On t’a peut-être appris à être sage, discret·e, raisonnable.
Mais pas à ressentir sans te juger.
Résultat ?
Tu ressens tout… trop fort.
Et tu n’as pas la notice.
Antonio Damasio, neuroscientifique mondialement reconnu, l’a expliqué :
« Les émotions sont des réponses corporelles à une perception. Elles précèdent même notre pensée consciente. »
Autrement dit, tu ne choisis pas ce que tu ressens.
Mais tu peux apprendre à choisir ce que tu en fais.
Ce qui coince souvent :
- Tu confonds émotion et réaction.
- Tu veux “gérer”, alors qu’il faudrait d’abord accueillir.
- Tu as peur de ce que ça pourrait ouvrir, si tu t’autorisais à vraiment ressentir.
Et tu n’es pas seul·e.
C’est le cas de Claire, comme de Joris, de Christine, de Séverine.
Des gens entiers, lucides, épuisés par l’effort de contenir ce qui déborde à l’intérieur.
🧠 Comprendre ce qui se passe quand tu débordes
Ce n’est pas toi qui es “trop” – c’est ton système nerveux qui hurle
Ton amygdale cérébrale s’active. Elle pense qu’il y a danger.
Pas un tigre. Mais une critique, un ton sec, une injustice.
Et boum. Déferlante émotionnelle.
Tu ressens de la tristesse, de la frustration, une peur ancienne.
Tu veux fuir, crier, t’excuser, pleurer.
Ou tu veux juste que ça s’arrête.
Et souvent, tu gardes tout dedans.
Parce qu’il faut assurer. Tenir.
Parce qu’on t’a dit que c’était “pas professionnel”, “pas mature”, “pas utile”.
Mais gérer ses émotions, ce n’est pas les étouffer.
C’est apprendre à les reconnaître comme des indicateurs précieux :
- La colère ? Peut-être un besoin de respect ou de limite.
- La tristesse ? Un signal de perte ou de détachement.
- La peur ? Une alerte de ton système intérieur qui demande plus de sécurité.
Et ce n’est pas de la théorie. C’est de la conscience émotionnelle, comme l’explique Daniel Goleman dans ses travaux sur l’intelligence émotionnelle :
« Ce n’est pas le QI qui garantit la réussite, c’est la capacité à comprendre et réguler ses émotions. »
🌿 Accueillir, sans t’effondrer
Les 3 étapes d’une régulation émotionnelle puissante
1. Identifier ce que tu ressens
Mets un mot sur ton émotion. Pas un jugement. Un mot.
👉 “Là, je sens de la colère.”
👉 “Je suis triste.”
👉 “Je suis stressée.”
2. Nommer le besoin qui se cache derrière
L’émotion n’est jamais l’ennemie. Elle parle d’un besoin émotionnel non nourri : reconnaissance, sécurité, liberté, amour, justice…
3. Répondre avec douceur
Pas en t’excusant d’exister. Pas en explosant sur l’autre.
Mais en posant un acte juste pour toi.
Par exemple :
- Respirer profondément (cohérence cardiaque, ancrage)
- Écrire ce que tu ressens pour décoller l’émotion du mental
- Te retirer 5 minutes pour te recentrer
- Poser une limite claire, sans agressivité
Ce n’est pas du développement personnel à paillettes.
C’est une pratique quotidienne. Exigeante. Mais libératrice.
🤲 Tu n’as pas à tout contenir. Tu peux t’ouvrir.
Parce que les émotions sont des messagères, pas des ennemies
Tu n’es pas “trop sensible”.
Tu es juste vivant·e.
Et tu es fatigué·e de devoir cacher ce que tu ressens pour rester fonctionnel·le.
Mais tu as le droit :
- De pleurer sans te justifier
- De poser une pause au lieu de forcer
- De dire que tu es dépassé·e
- De ressentir de la vulnérabilité sans t’écrouler
Marc Brackett, directeur du Yale Center for Emotional Intelligence, l’explique dans son étude “Permission to Feel” :
« On ne peut pas changer ce qu’on ne reconnaît pas. Et on ne peut pas transformer ce qu’on ne s’autorise pas à ressentir. »
Accueillir tes émotions, c’est reprendre du pouvoir.
Pas celui de contrôler. Celui de choisir comment tu veux réagir, à partir d’un espace de conscience, pas de panique.
✨ Ce que tu peux faire maintenant
Quelques actions simples pour te reconnecter à toi
Voici des gestes concrets à tester dès aujourd’hui, pour apprivoiser ton paysage émotionnel :
🧘♀️ Exercice de respiration 4-7-8
- Inspire 4 secondes
- Garde l’air 7 secondes
- Expire 8 secondes
➡︎ Active le système parasympathique, apaise l’anxiété
📓 Écriture de ressenti
- Pose-toi chaque soir : “Qu’est-ce que j’ai ressenti aujourd’hui ? Pourquoi ?”
👣 Ancrage corporel
- Marche en conscience, pieds nus si possible. Ramène ton attention dans le corps.
Et surtout, cesse de te juger pour ce que tu ressens.
🧭 Ce n’est pas une faiblesse. C’est ta force à apprivoiser.
Ce n’est pas le contrôle qui t’apaisera, c’est l’acceptation
Tu veux reprendre le contrôle ? Commence par te foutre la paix.
Ne cherche pas à devenir lisse. Devient juste plus conscient·e.
Ton stress ne te définit pas.
Ton émotion n’est pas ton ennemi.
C’est un allié de ton chemin intérieur.
Et tu n’as pas besoin d’un miracle.
Tu as besoin d’un miroir.
D’un espace où tu peux t’écouter sans honte.
Je suis là pour ça.
📚 Références utiles
- L’Erreur de Descartes, Antonio Damasio
- L’intelligence émotionnelle, Daniel Goleman
- Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs), Marshall Rosenberg