L’autre jour, nous avons reçu la famille dans notre nouvelle maison. Quand je dis famille, je parle de ma belle famille.
Nous étions installés dans le salon, autour de la grande table basse. Nous avions baissé un peu les lumières, et le feu crépitait dans la cheminée alors que nous dévorions l’apéro.
Quand la douleur surgit au coin du bonheur
C’était une belle ambiance. Il y avait des rires, de la chaleur humaine, des enfants qui riaient, des adultes qui souriaient. Un beau moment de famille.
Et puis, le lendemain, j’ai commencé à glisser. Le surlendemain, je me suis effondré. J’ai pleuré. Durant deux jours. J’étais abattu, incapable de relever la tête.
Ce moment en famille, j’en rêvais depuis si longtemps. J’aurais aimé le vivre avec ceux de mon sang. Seulement, ce n’est pas possible. Trop de choses malsaines. Trop de… noirceur.
Le prix des petits bonheurs
Inconsciemment, je me suis souvenu de tout ce que je n’avais pas eu, de tous ces coups, de toutes ces humiliations.
Et puis, j’ai eu peur que ce moment se termine, peur qu’il ne soit qu’un rêve, que ce moment cesse, qu’un infarctus vienne me le prendre. Comme si je n’avais pas le droit d’être heureux, comme si je devais le payer, chaque fois.
Inconsciemment, j’ai vu tout l’amour qui existe dans ma belle famille, et dans cette famille qui est aujourd’hui la mienne. Parce que oui, j’aime vraiment ma famille au sens large du terme. Tout n’est pas toujours rose, mais j’aime quand ils sont là, avec nous.
Ce que j’ai, ce que je n’ai pas eu
J’aime que ma fille soit heureuse de voir ses oncles, cousins, grands parents. J’aime quand ma femme est heureuse de voir ses parents, ses frères, ses nièces et neveux.
Alors, j’ai vu tout ce qui fait la différence entre une famille où les parents sont aimants, respectueux de leurs enfants, et une « famille » où les parents font payer leurs errances à leurs enfants, les tenants pour responsables d’ont ne sais quoi.
Courber l’échine
Vous aurez parfois de ces moments qui font poser un genou à terre, de ces moments qui font chavirer l’esprit et le cœur, qui font venir des larmes qui n’attendaient que de vivre, pour enfin vous mettre sur le chemin de votre liberté.
Et si vous n’arrivez pas à libérer cette émotion de façon naturelle, essayez donc de rentrer en contact avec votre enfant intérieur.
Parce qu’il faut bien un jour en finir avec le passé, parce qu’il faut bien un jour se retrouver à soi, pour soi et ceux qui sont là, avec nous, aujourd’hui et non hier.
Parce que la vie n’est pas qu’une tristesse et que des parents qui n’en sont pas ne sont pas une condamnation à souffrir toute la vie.
Le temps et la résilience
Poser un genou à terre, même deux. Se replier sur soi une heure, un jour, ou deux, une semaine. Le temps que passe la douleur. Le faire une fois, deux fois, trois fois, dix fois. Peu importe. C’est la douleur qui s’en va.
Peu à peu, cela sera moins souvent. Parce que l’individu est bien plus fort qu’il ne peut le croire, qu’il ne veut le croire. C’est ça la force. Être encore là, debout, ou genoux, mais encore là. Elle vient d’où cette force ? De vous. Soyez-en fier.
Quand vient le manque de confiance
Vous en doutez. Ah, oui, le manque de confiance, le syndrome de l’imposteur, la sensation de ne pas trouver sa voie, de ne pas être à sa place (de n’être jamais à sa place, où que cela soit).
Ce genre de choses, ça vous plombe le moral, ça vous ronge de l’intérieur, ça fait ruminer quand le calme s’installe autour de soi.
Oui, je connais bien ces choses-là. Elles sont là, encore, autour de moi, parfois. C’est pénible. Malgré leur présence, je peux vous dire une chose, quand on commence à vouloir s’en défaire, leur pouvoir s’amenuise.
Vouloir retrouver le gout de la vie
Cela se fait dans le temps, un travail sans relâche, un travail qui demande de l’attention, beaucoup d’attention, de conscience de soi. C’est parfois épuisant, et pourtant, cela paie.
Petit à petit, ainsi que l’oiseau fait son nid, on reprend gout aux petites choses qui font les plaisirs de la vie. On y arrive. On trébuche encore oui.
Durant quelques jours, on est amorphes, le cœur endolori, on se sent vidés. Parfois même, on pleure. Toutes ces douleurs passées sous silence, toutes ces souffrances. On pleure. Et puis, doucement, ça revient, on se retrouve soi.
Une maille à l’endroit, une maille à l’envers
On avance ainsi, de hauts et de bas, durant quelques mois. On alterne, un coup bien, un coup moins bien. Et puis, lentement, les coups de moins bien se font plus brefs, ils s’en reviennent moins souvent. Un jour, ils finiront par ne plus revenir, et s’ils reviennent, leur douleur sera bien moindre.
Il restera les souvenirs, toujours. On ne peut s’en défaire. Cependant, leur pouvoir de nuisance sera nul. Ils ne seront plus qu’une trace.
En finir avec les souvenirs
Et il est une chose étrange. On veut ne plus se souvenir, ne plus y penser à ce passé qui fait mal, on ne veut plus en souffrir. Mais s’en défaire, ça fait peur.
Ça fait peur, parce que, ces douleurs, ce passé, c’est notre histoire. Et se défaire de son histoire, qu’est-ce que cela nous laisse ? Rien ? Le vide ? Le néant ?
Non. Parce que, humain que nous sommes et grands fans de raccourcis, nous avons oubliés. Nous avons oublié que dans ce passé se nichent aussi des petits moments de bonheur, de joie, de plaisir.
Écoutez donc ces vieux tubes que vous aimiez. Vous verrez, vous ressentirez, ce petit plaisir. Ce n’est pas anodin. Vous avez aussi eu ces moments-là, ces petits plaisirs. Ce sont eux qui vous ont aidés à traverser ce passé si douloureux.
Un chemin difficile vers soi
Il n’est donc pas question d’en finir avec les souvenirs, avec la vie. Il est question de laisser filer les douleurs.
En laissant partir les douleurs dans les larmes, en vivant et traversant ces mêmes douleurs, peu à peu, vous allez retrouver des souvenirs plus agréables, des moments que vous aviez oubliés, des moments qui s’étaient perdus dans l’ombre de vos mémoires, de vos douleurs.
Retrouver les traces de soi
Retrouver ces moments, ça fait un peu peur, on ne sait d’où ils reviennent, pourquoi, comment. Et puis, quand on prend un instant, on se souvient que c’était bien, que c’était agréable.
Il y aura un bref moment de tristesse, celle d’avoir eu ces moments gâchés par un contexte familial dément, celle de l’es avoir oublié, de ne pas avoir pu en profiter pleinement.
L’étrange mélange
Et puis, il y aura des larmes, celle des retrouvailles avec soi, rien que soi, juste soi.
Ce sera un mélange de joie, de tristesse, de soulagement, un retour vers sa propre vie à soi. Une vie qui se libère enfin de l’emprise maléfique d’un passé qui enfin, enfin… enfin se dilue dans l’aujourd’hui.
Vous êtes là, vivants. Tous autant que vous êtes. Plus vivants que vous ne pourriez le croire. Et c’est déjà une victoire.
Il reste du chemin, et vous êtes là, c’est déjà une victoire.
Il reste des efforts, et vous êtes là, c’est déjà une victoire.
Vous avez retrouvé des bouts de vous, vous pouvez désormais commencer à réécrire ce passé qui est le vôtre. Il n’est pas totalement noir. Il est peut-être un peu plus clair.
Bien entendu, les douleurs vous les avez vécu. Toutefois, il est des moments plus tendre qui existent aussi. Les retrouver, les ressentir, les revoir, voilà qui vous fera grand bien. Ils vous aideront à dire au revoir au passé.