La stratégie de l’émotion facile
Pleurer pour vendre
Tu tombes sur une story. Le coach est en larmes.
Il parle d’un trauma, d’un abandon, d’un burn-out, d’un suicide évité de peu.
Il te regarde à travers l’écran et te dit :
👉 “Si toi aussi tu traverses ça, sache que je suis là. J’ai créé un accompagnement pour t’aider.”
Et là, t’as le cœur qui serre. T’es touché.
T’as envie de cliquer.
Tu crois que tu viens de croiser quelqu’un de vrai.
Mais non.
T’es tombé sur la stratégie de l’émotion facile.
Un outil de conversion redoutable, calibré, efficace… et profondément malhonnête.
🎭 L’émotion comme levier, pas comme vérité
Faut qu’on en parle : pleurer ne prouve rien.
- Ni que t’as bossé sur toi.
- Ni que t’es un bon coach.
- Ni que t’es prêt à accompagner quelqu’un dans sa transformation.
Pleurer prouve juste… que t’es humain.
Et c’est déjà pas mal. Mais ce n’est pas suffisant.
Sur les réseaux, beaucoup de coachs utilisent leur douleur comme une vitrine.
Ils racontent leurs blessures en direct, ils s’exposent, ils déversent.
Mais pas pour libérer.
Pour vendre.
Ils balancent leur trauma en story comme un produit d’appel.
Et toi, tu te sens compris.
Tu te dis : “Il me comprend, il l’a vécu.”
Et peut-être oui.
Mais vivre une douleur ne suffit pas à la transcender.
Et encore moins à accompagner quelqu’un d’autre à travers la sienne.
🧠 Ils ont traversé l’enfer… mais pas digéré le feu
Le vrai problème, c’est pas qu’ils ont souffert.
C’est qu’ils n’ont pas bossé la posture.
Ils n’ont pas fait le travail de mise à distance, de digestion, de transmutation.
Résultat ?
- Ils s’en servent.
- Leur passé devient un outil de légitimité instantanée.
- Leur douleur devient un argument de vente.
Et ça, c’est pas du coaching.
C’est du spectacle.
C’est de la manipulation émotionnelle.
🧩 “J’ai traversé des galères” : et alors ?
Un coach qui te dit “j’ai vécu ça, moi aussi”, c’est bien.
Mais ce que tu dois te demander, c’est pas ce qu’il a vécu, c’est ce qu’il en a fait.
- Est-ce qu’il a bossé dessus ?
- Est-ce qu’il a transformé ce vécu en clarté, en présence, en discernement ?
- Ou est-ce qu’il te sert son trauma en boucle comme un argument marketing ?
Traverser un enfer ne fait pas un guide.
En sortir, oui. Et savoir accompagner l’autre sans rejouer l’histoire, encore plus.
Parce qu’un coach qui est encore pris dans sa douleur ne t’aide pas.
Il te relie à sa souffrance, pas à ta puissance.
Et ça, c’est pas de la transmission.
C’est une mise en scène.
😬 Ce qu’ils te montrent, c’est pas du courage. C’est de l’exposition.
Attention : parler de soi n’est pas le problème.
Moi aussi, je raconte mes galères.
Mais je le fais quand j’ai du recul.
Quand j’ai appris quelque chose.
Quand je suis capable de t’en parler sans avoir besoin que tu me consoles.
Parce que sinon ?
C’est pas du partage.
C’est une quête de validation.
C’est de l’étalage affectif qui fait de toi un récepteur d’émotion brute, sans cadre, sans recul, sans sécurité.
Et toi, tu crois créer un lien.
Mais tu te retrouves à consommer une peine qu’on t’a balancée comme un appât.
🔍 Comment reconnaître un coach qui pleure pour vendre
Voici les signes qui doivent te faire tiquer :
- Il te raconte un trauma encore “à vif”
- Il évoque son passé sans te parler de comment il l’a intégré
- Il pleure en live… puis balance un lien vers son programme
- Il poste son mal-être sans se demander si c’est utile pour toi
- Il utilise l’émotion comme unique preuve de transformation
Un vrai coach ?
- Il a bossé son histoire
- Il la raconte quand elle est digérée, pas saignante
- Il ne cherche pas à te faire pleurer avec lui
- Il t’aide à traverser ton émotion, pas à gérer la sienne
💥 Pleurer ne transforme pas. Agir, si.
Le cœur qui serre, c’est bien.
Mais si derrière, rien ne change dans ta vie, c’était juste un shoot émotionnel.
Une parenthèse. Un moment. Pas un mouvement.
Et c’est là le danger de ces coachs “émotionnels” :
Ils te font croire que t’as vécu un truc fort.
Mais t’as juste été émotionnellement capté.
Pas écouté. Pas accompagné. Pas transformé.
🎯 Moi, je veux pas que tu sois ému.
Je veux que tu sois libre.
Je veux pas que tu me trouves touchant.
Je veux que tu te lèves de ta chaise.
Je veux que tu prennes une décision.
Que tu reprennes ton pouvoir. Ta responsabilité. Ton rythme.
Et pour ça, je vais pas te servir mes larmes en boucle.
Je vais t’écouter.
Te confronter.
T’épauler.
Pas t’émouvoir.
T’éveiller.