Et si ta “zone de génie” n’existait pas (du moins, pas comme tu le crois) ?
Tu cherches l’endroit magique où tout s’aligne ? Respire. On va remettre les pendules à l’heure.
On t’a dit que t’avais une “zone de génie”.
Un endroit où t’es naturellement doué·e, productif·ve, inspiré·e.
Où le temps s’arrête. Où tout coule.
Un espace parfait entre tes talents, ta passion, tes valeurs et un besoin du monde.
Le concept est séduisant. Presque mystique.
Sauf que toi, t’y es pas.
Tu te sens moyen·ne partout. T’as l’impression de bricoler, de forcer, de t’adapter. Pas de flot, pas de feu sacré.
Et si le problème, c’était pas toi, mais le mythe qu’on t’a vendu ?
1. Le concept vient du coaching business, pas de la psychologie.
📚 La “zone de génie” est un modèle marketing. Pas un diagnostic.
La notion vient du livre The Big Leap de Gay Hendricks. Dans son modèle, il distingue 4 zones :
- Zone d’incompétence
- Zone de compétence
- Zone d’excellence
- Zone de génie
L’idée : tant que tu restes dans l’excellence, tu plafonnes. Il faut “sauter” dans ta zone de génie pour t’épanouir vraiment.
Mais ce modèle n’a aucune validation scientifique. Il est utile comme métaphore. Pas comme boussole existentielle.
En psychologie, on parlerait plutôt de flow (Mihály Csíkszentmihályi), d’actualisation de soi (Abraham Maslow), ou de motivations intrinsèques (Edward Deci & Richard Ryan).
Le point commun ? Ce qui compte, c’est pas d’être “génial” mais vivant.
2. Ce que t’appelles génie, c’est souvent un mélange de plaisir, d’utilité, et d’audace.
💡 Tu veux savoir si t’es dans ta zone ? Regarde ton énergie.
T’as pas besoin de briller dans les yeux des autres.
T’as besoin de sentir que ce que tu fais a du sens, du goût, et de la portée.
Trois indicateurs simples :
- Plaisir : t’as pas vu le temps passer, même si c’était exigeant
- Utilité : ce que t’as fait a servi à quelqu’un, d’une manière ou d’une autre
- Audace : tu t’es autorisé·e à y aller à ta façon, sans masque
Et parfois, cette zone… n’a rien à voir avec ton taf.
C’est en jardinant, en écrivant, en parlant avec un·e pote que tu la touches.
C’est pas glamour. Mais c’est là que t’es toi.
T’attends de trouver ta zone. Et si elle t’attendait déjà ?
3. Tu ne la trouves pas. Tu la fabriques. À coups d’essais, de doutes et de moments bancals.
🛠️ La “zone de génie” n’est pas un état. C’est un processus.
Tu crois que ta zone va surgir comme une révélation. En vrai, elle émerge dans la friction.
Quand tu t’ennuies mais que tu continues.
Quand tu rates, que tu ajustes, et que tu recommences.
Quand tu dis “je crois que c’est ça”, et que tu réalises que non… mais que t’avances quand même.
C’est exactement ce que dit Carol Dweck, professeure à Stanford, dans ses travaux sur le mindset de croissance :
“C’est en échouant, en apprenant et en persévérant qu’on découvre ce qu’on est capable de faire.”
T’attendre à une zone parfaite, fluide et rentable dès le début… c’est te tirer une balle dans le pied.
Ta zone ne t’est pas révélée. Elle se crée dans l’engagement.
4. La quête de la “zone” peut devenir un piège de perfection.
🚨 Tu ne cherches pas ton génie. Tu fuis ton inconfort.
Tant que tu crois que tu dois être dans ta zone de génie pour mériter ta place, tu restes en retrait.
Tu te caches derrière cette quête parce que t’as peur de :
- Te planter
- Décevoir
- Ne pas être “à la hauteur” de ton potentiel
Et cette peur te coupe… de la seule chose qui compte : essayer.
En coaching, on voit ça tout le temps : des personnes brillantes, paralysées, car elles attendent que tout soit “aligné” pour commencer.
Mais ce n’est pas l’alignement qui déclenche le mouvement.
C’est le mouvement qui crée l’alignement.
5. Alors, c’est quoi ta vraie zone de génie ?
🎯 Celle où tu fais une différence… sans te trahir.
Pas besoin d’être exceptionnel·le. Juste authentique, engagé·e, vivant·e.
Tu veux te rapprocher de ta zone ?
- Observe les moments où tu te sens utile et vivant·e
- Identifie ce que tu fais avec fluidité et exigence
- Note ce que les autres viennent chercher chez toi sans que tu t’en rendes compte
Et surtout, autorise-toi à y aller, même si c’est flou, même si t’as peur.
Conclusion : ton génie n’est pas un don. C’est un acte.
Tu n’as pas à trouver ton génie comme on trouve un trésor caché.
Tu dois le cultiver, affiner, ajuster.
Un jour après l’autre. Un choix après l’autre.
Et parfois, tu seras à côté. C’est pas grave. C’est même essentiel.
Parce que ce n’est pas dans la zone parfaite que tu grandis.
C’est dans l’élan imparfait, celui où tu te mets en jeu.
Alors arrête de chercher ce que tu es censé·e faire.
Fais. Regarde ce que ça t’apprend. Et continue.
📚 Études et références utiles :
- Csíkszentmihályi, M. (1990). Flow: The Psychology of Optimal Experience
- Deci, E. & Ryan, R. (1985). Self-Determination Theory
- Dweck, C. (2006). Mindset: The New Psychology of Success
- Hendricks, G. (2009). The Big Leap (outil conceptuel, mais non validé scientifiquement)