Ta réalité n’est pas réelle. Juste familière.
Introduction — Tu crois voir clair ? Regarde encore.
Tu crois que ce que tu vois est la réalité.
Tu crois que ce que tu ressens est la preuve.
Tu crois que ce que tu comprends est juste.
Mais tu vis dans une version déformée du monde.
Et cette version, c’est toi qui l’as construite.
Pas de manière consciente.
Pas par malhonnêteté.
Mais parce que c’est ainsi qu’on survit quand on n’a pas appris à voir autrement.
Ce que tu vis, ce n’est pas “le réel”.
C’est une projection. Un décor mental.
Et tout ce que tu appelles “vérité” est filtré par ton passé, tes douleurs, tes peurs, ton éducation, tes croyances.
Tu regardes la vie à travers des vitres sales.
🧠 Une perception maquillée par le vécu
Tu ne vois pas les choses telles qu’elles sont.
Tu les vois telles que tu as appris à les craindre.
Tu ne réagis pas à ce qui t’arrive.
Tu réagis à ce que tu crois être en train de se passer.
Et cette nuance change tout.
- Une remarque devient une attaque, parce que tu as appris à te défendre.
- Un regard devient un jugement, parce que tu as appris à te méfier.
- Un silence devient un rejet, parce que tu as appris à douter.
Ton cerveau, comme l’a démontré Daniel Kahneman, remplit les vides.
Il comble ce qu’il ne comprend pas avec ce qu’il connaît déjà.
Et ce qu’il connaît, souvent, c’est la douleur, le rejet, le manque, le doute.
Ce que tu crois voir, c’est ce que tu portes.
🪞 Tu ne regardes pas le monde. Tu te regardes dedans.
La “réalité” n’est jamais neutre.
Elle est teintée de ton histoire.
De ce qu’on t’a appris à attendre, à craindre, à supporter.
Et ce que tu vis aujourd’hui, tu l’interprètes à travers ce prisme :
- Ce que tes parents t’ont répété
- Ce que les figures d’autorité ont imposé
- Ce que la société a valorisé
- Ce que tes blessures ont figé
Tout ce passé pèse dans ton regard.
Et le pire ?
Tu ne t’en rends même plus compte.
Tu crois que c’est “toi” qui penses.
Mais c’est souvent ce qu’on t’a appris à penser.
Le présent se vit avec des filtres du passé.
🔁 Tu rejoues sans cesse le même scénario
Le psychologue Aaron Beck, fondateur des thérapies cognitives, explique que nos “schémas cognitifs” se construisent dans l’enfance…
… et se répètent toute la vie, si on ne les remet pas en question.
Ces schémas dictent :
- Ce que tu considères comme normal
- Ce que tu penses mériter
- Ce que tu tolères, ce que tu évites
Tu veux du changement.
Mais tu cherches la preuve que rien ne changera.
Parce que c’est plus rassurant de rester dans le connu que de regarder vraiment.
Il n’y a pas de lucidité sans désillusion.
💣 Ce que tu vois n’est pas faux. Mais c’est incomplet.
Il ne s’agit pas de dire que tout ce que tu ressens est faux.
Ce serait violent. Injuste. Dangereux.
Mais il est temps d’admettre que ce que tu vis est peut-être partiel.
Que ce n’est qu’une version du réel.
Et que cette version :
- a été façonnée par la peur
- verrouillée par des habitudes
- renforcée par des épreuves
Tu ne peux pas redevenir neutre.
Mais tu peux redevenir conscient.
Reprendre le contrôle commence par remettre en doute ses propres yeux.
🛠️ Que faire, concrètement ?
Pas de mantra. Pas de méthode miracle. Juste… un pas de côté.
Voici 3 gestes simples, à répéter :
- Identifier le moment où tu réagis violemment
- Pas pour te juger. Juste pour le remarquer.
- “Pourquoi j’ai réagi comme ça ?”
- Te demander d’où vient cette interprétation
- Est-ce un souvenir ancien qui remonte ?
- Est-ce une peur que tu connais bien ?
- Élargir la possibilité
- Et si ce que tu crois n’était qu’une hypothèse ?
- Et s’il existait une autre lecture ?
Ce n’est pas confortable.
Mais c’est là que le vrai pouvoir commence :
quand tu acceptes que ta réalité est subjective.
Tu n’es pas cassé. Tu es en train de te réveiller.
Ce n’est pas un bug.
C’est un appel.
Quand tout te paraît flou, confus, incohérent…
Ce n’est pas que tu perds pied.
C’est que tu sors du mensonge confortable.
Tu arrêtes de croire que ce que tu ressens est forcément ce qui est.
Tu commences à regarder avec un œil neuf.
Et c’est là que l’émancipation commence.
Pas quand tu as des certitudes.
Quand tu oses remettre en question celles que tu as toujours portées.
Conclusion – Ce que tu vois n’est pas faux. C’est un angle mort.
Tu n’as pas besoin d’une nouvelle vie.
Tu as besoin d’un nouveau regard.
Pas un regard naïf.
Pas un regard optimiste.
Un regard lucide. Dégagé. Présent.
Parce qu’il y a un monde, juste là,
qui t’attend
et que tu ne vois pas encore.