ou l’art de sexualiser son storytelling
📸 T’as dit “authenticité” ? J’vois surtout du décolleté
C’est la tendance du moment (moment qui s’éternise) sur LinkedIn : poster un selfie pour “humaniser son contenu”.
👉 Mais ouvre les yeux deux minutes.
La plupart du temps, ces photos n’ont rien d’authentique.
Ce qu’on voit, ce sont :
- des vacances, avec cocktails en bord de piscine,
- des bureaux stylés, ambiance bois brut, verrière et figuier géant,
- des poses travaillées, épaule découverte, bouche entrouverte, regard mouillé,
- des décolletés parfaitement ajustés, maillots échancrés, robes moulantes.
- des corps galbés
Et la légende ?
Toujours en mode storytelling de l’intime :
“J’ai longtemps hésité à poster cette photo, mais j’ai décidé d’assumer qui je suis. #vulnérabilité #leadershipauféminin”
Tu sais ce qu’on appelle ça dans un autre contexte ?
Du soft power érotisé.
Ni plus, ni moins.
👉 Et ce qui est fascinant, c’est la dissonance cognitive que ça crée :
Elles refusent d’être objectifiées… Mais elles maîtrisent à la perfection les codes de la séduction visuelle pour capter ton attention, ton like, ton désir.
“Je ne suis pas un corps”… sauf quand ça m’arrange
💋 Féminisme à géométrie variable
Tu vas les voir dénoncer, à juste titre :
- le male gaze,
- l’objectification des femmes,
- les remarques sexistes,
- l’inégalité des chances.
Mais dans la slide d’après, tu as le petit sourire complice, ou t’as une photo flatteuse, cadrée poitrine, lumière douce, et une légende :
“Mon corps, mes règles. Je peux être sexy et compétente.”
Et bien sûr, elles peuvent. C’est pas le sujet.
Le vrai problème, c’est quand :
- la séduction devient outil stratégique,
- l’image devient produit d’appel,
- la féminité devient une interface d’engagement.
Parce que là, on n’est plus dans la liberté, on est dans l’exploitation des failles comportementales.
Tu veux dénoncer l’homme qui “like pour les seins”, mais t’as construit ton audience dessus. Tu veux l’égalité, mais t’exploites les ressorts archaïques du désir pour vendre ta formation “branding intuitif”.
Ça, c’est pas de l’empowerment. C’est du capitalisme maquillé.
Le pouvoir d’attirer vs le pouvoir d’inspirer
🎯 Et si t’étais suivie non pas pour ce que tu dis… mais pour ce que tu montres ?
La vraie question, elle est là :
👉 Est-ce que les gens te suivent pour ta pensée, ton expertise, ton message ?
Ou est-ce qu’ils te suivent pour ta photo, ton look, ta capacité à les faire fantasmer proprement ? Parce que tu as l’air d’être compétente ?
Et si tu crois que ça ne se voit pas, réveille-toi.
La viralité de ces contenus ne repose pas sur la valeur qu’ils apportent.
Elle repose sur la tension entre “je me montre, mais pas trop”, sur le plaisir du regard piqué, mais socialement autorisé.
👉 LinkedIn, c’est pas OnlyFans ? Faux.
C’est juste la version corporate du même mécanisme.
L’exploitation d’un biais sexué
🧠 Et le féminisme dans tout ça ?
Faisons simple.
Ces femmes ont parfaitement compris comment fonctionne le regard masculin.
Et plutôt que de le critiquer… elles le retournent à leur profit.
Elles deviennent vendeuses de désir, emballé dans du marketing.
Mais ce que ça crée, c’est une spirale dangereuse :
- Pour elles : une dépendance à l’image, au like, au regard qui flatte.
- Pour les autres femmes : une injonction silencieuse à “être visible, donc attirante”.
- Pour les hommes : un retour en force des schémas qu’on est censés déconstruire.
Parce qu’au fond :
Tu dénonces les codes sexistes, mais tu les reproduis dès que t’as besoin d’engagement.
Et le féminisme devient, lui aussi, une façade.
- Une stratégie de communication.
- Un outil branding.
- Un filtre esthétique sur une mécanique vieille comme le monde :
- Fais-moi rêver, et j’achèterai ce que tu dis.
Alors, on fait quoi ?
🛑 Soit tu montres. Soit tu inspires. Mais arrête de mentir.
Tu veux poster un selfie ? Fais-le.
Mais arrête de nous vendre ça comme un acte militant.
Tu veux jouer sur ton image pour vendre ? Assume-le.
Mais n’attends pas qu’on t’écoute comme une experte
si ta stratégie repose sur la mise en scène permanente de ton corps.
Et surtout, ne viens pas pleurnicher sur le sexisme,
quand t’as consciemment exploité la faille biologique pour générer du clic.
Le vrai courage aujourd’hui ? C’est de publier sans faire appel à ta plastique.
C’est de déranger avec des idées, pas de séduire avec ta pose.
Tu veux marquer LinkedIn ?
Fais-le avec du fond. De la valeur. Du vrai.
Pas avec ta bouche entrouverte et ton regard “vulnérable mais confiante”.
Pas avec ton bikini sous prétexte de “liberté d’être”.
Parce que sinon, t’es juste une version B2B de l’influenceuse Insta.
Et c’est pas du féminisme, c’est du foutage de gueule.