Tu viens de lire un post moisi :
“8 conseils pour reprendre le pouvoir”,
“Commence sans être prêt”,
“Fais-le maintenant”…
Tu lèves les yeux au ciel, tu sais que c’est creux.
Et pourtant, t’as cliqué.
T’as scrollé.
T’as peut-être même liké.
Pourquoi ?
Parce que ces trucs-là, aussi vides soient-ils, répondent à un besoin. Pas à un besoin rationnel. À un besoin émotionnel. Et c’est là que tout se joue.
Tu crois que t’aimes le développement personnel ? Non. T’aimes ce qu’il te fait ressentir. Et c’est pas du tout la même chose.
❤️ 1. On veut se sentir compris (même par un bot)
🫂 L’illusion d’un regard bienveillant
Ces contenus t’attrapent avec une accroche qui fait mouche :
“Vous avez l’impression de ne pas avancer ? Vous doutez de vous ?”
Et bam.
Ton cerveau primitif se détend.
Tu souffles. Tu te dis :
Putain, quelqu’un qui me comprend !
Même si ce “quelqu’un” c’est un créateur de contenu paresseux qui a pompé sa liste sur ChatGPT, t’as l’impression qu’on te tend la main.
Et ce sentiment d’être reconnu dans ta galère, il est rare, précieux, addictif.
Même si c’est faux, t’achètes. Parce que ça fait du bien, là, tout de suite.
🧯 2. On cherche une sortie de secours à notre chaos intérieur
🚪 Le fantasme d’un raccourci
Quand t’es paumé, t’as pas envie d’un plan complexe en 36 étapes. T’as envie d’un truc clair, net, emballé. Un putain de mode d’emploi.
Tu veux que quelqu’un te dise :
- quoi faire,
- quand le faire,
- et comment t’y prendre pour que ça marche.
Et les “8 conseils pour avancer” remplissent exactement ce rôle. C’est un pansement émotionnel, un shot d’espoir instantané. Tu sais que c’est pas suffisant. Mais t’as pas la force de réfléchir. T’as besoin d’un repère, d’un point d’ancrage, même bidon. Et ces posts te vendent ça.
Pas du changement réel, mais l’illusion que c’est possible.
Et parfois, ça suffit pour tenir encore un jour.
🧪 3. Le dev perso active notre circuit de récompense
🧠 Du sucre mental en 3 lignes
Lire un conseil “positif”, c’est comme croquer un carré de chocolat.
Ton cerveau libère un peu de dopamine. Tu te sens un peu plus en maîtrise, un peu plus “aligné”.
- Même si t’as rien foutu.
- Même si t’as pas changé d’un iota.
- T’as lu un post, et ça t’a suffi pour te sentir productif.
C’est un piège redoutable :
Plus tu consommes ce type de contenu, plus tu remplaces l’action par la sensation d’agir.
Et à force de scroller des citations inspirantes, tu t’endors dans le rêve du changement. Sauf que tu bouges pas. Tu restes là. À confondre progrès réel et dopamine digitale.
😔 4. La honte de ne pas y arriver crée un attachement paradoxal
🪤 Tu culpabilises… donc tu reviens
Ce type de contenu te dit, en gros :
“Tu peux le faire. T’as déjà tout en toi.”
Et toi, au fond, tu sais que non, pas toujours.
Alors tu culpabilises. Tu penses que t’as un problème. Que t’es “cassé”. Et tu cherches encore plus de conseils, encore plus de contenus, pour te réparer.
C’est le mécanisme pervers du dev perso :
Plus tu échoues, plus tu consommes.
Plus tu consommes, plus tu crois que t’as besoin d’eux.
Et là, t’es foutu. T’es pris dans la boucle.
T’es devenu dépendant du shoot de fausse lucidité, mais incapable de prendre des décisions réelles.
T’es en mouvement… mais dans une roue de hamster.
🎭 5. On préfère le mensonge rassurant à la vérité qui pique
🔍 L’honnêteté, c’est brutal
La vérité, c’est souvent moche, dure, inconfortable :
- Tu te sabotes parce que t’as peur de réussir.
- Tu t’accroches à ton taf de merde parce que c’est familier.
- Tu refuses d’agir parce que t’as honte de rater, encore.
Aucun carousel Instagram ne va te dire ça.
Parce que ça fait mal.
Parce que ça fait fuir.
Alors on préfère le mensonge joli.
Celui qui dit “T’as juste besoin de croire en toi”.
Et on se berce là-dedans, bien au chaud.
Parce que le mensonge bien tourné est souvent plus confortable que la vérité brutale mais libératrice.
🔓 Alors, on fait quoi avec ça ?
🪪 Reprendre le pouvoir, c’est voir clair dans le jeu
Ce que t’as besoin de comprendre, c’est pas juste pourquoi tu bloques.
C’est aussi pourquoi tu continues de lire ces trucs à la con.
Parce que tant que tu cherches des réponses prêtes à consommer,
Tant que tu crois que 8 conseils peuvent changer ta vie,
Tant que tu préfères une “inspiration quotidienne” à un putain d’affrontement avec ta réalité,
Tu restes dans la dépendance.
Tu restes spectateur.
Tu restes dans le fantasme.
Et pourtant…
C’est pas si compliqué.
Arrête de chercher à te sentir prêt.
Commence par te demander ce qui est vrai pour toi.
Ce que tu ressens, ce que tu refuses, ce que tu redoutes.
Là, seulement là, commence le vrai taf.
