On ne débat plus. On s’impose.
Cette semaine, deux posts LinkedIn. Deux visages d’une même fracture.
D’un côté, une femme. Elle poste des selfies, parfois légers, parfois sincères. Des bouts d’elle, dans un espace dit “pro”. En retour ? Des remarques crasses. Des regards qui dérapent. Et la vieille rengaine : “C’est LinkedIn ici, pas Meetic.”
De l’autre, un père. Il écrit que sa fille a 2 ans, et déjà, on la qualifie de “charmeuse”. Il s’inquiète. Il alerte. Il appelle à la vigilance : les mots façonnent, enferment, préparent l’inacceptable.
Deux colères légitimes. Deux postures de résistance. Mais un même point commun, bien plus profond que la surface des débats.
👉 Ce qui parle dans ces posts, ce n’est pas la justice. C’est la peur.
Derrière la posture, la peur
😨 Ce n’est pas un combat, c’est une protection
Le regard de l’autre fait mal. Surtout quand il sexualise, juge, ou réduit. Et face à cette agression invisible mais réelle, on réagit comme on peut.
- En s’indignant.
- En dénonçant.
- En posant des limites.
Mais très vite, la protection devient projection : on veut que l’autre change. Qu’il pense autrement. Qu’il soit autrement.
Le problème ? C’est exactement ce qu’on reprochait au départ.
👉 “Tu veux me faire rentrer dans ta norme ? Je vais t’enfermer dans la mienne.”
Le paradoxe de la vertu
⚖️ Quand la justice devient autoritaire
Ce qu’on nomme “valeurs” aujourd’hui devient souvent arme de guerre. On ne débat plus. On scanne. On juge. On condamne. À la vitesse d’un scroll.
- Tu fais une remarque maladroite ? → Tu es un “danger”.
- Tu poses une photo de toi ? → Tu mérites “les conséquences”.
- Tu penses à contre-courant ? → Tu “poses problème”.
Mais depuis quand l’inconfort justifie l’annulation ?
Depuis quand la vertu autorise à censurer ?
Ce n’est pas de la libération. Ce n’est pas du progrès.
C’est du contrôle. En costume propre. Avec des hashtags.
Le débat, c’est pas confortable. Et c’est tant mieux.
💥 Se confronter, sans se haïr
Oui, des propos sont débiles. Oui, certaines remarques sont sexistes, déplacées, toxiques. Mais vouloir faire taire, effacer, interdire, ce n’est pas les faire disparaître. C’est juste les enfouir plus profondément, jusqu’à ce qu’ils ressortent pire, ailleurs.
Ce qu’on a oublié ?
Le débat, c’est pas une scène de théâtre avec des rôles parfaits.
C’est un ring. Un lieu de friction. De nuance. D’écoute. De désaccord.
Et c’est ça, le vrai progrès : accepter qu’on ne pense pas pareil, et chercher quand même à se comprendre. Pas à se soumettre.
Et toi, tu veux quoi ?
🤝 Un monde de clones ou un monde qui débat ?
Parce que c’est ça, la vraie question.
Est-ce qu’on veut un monde où chacun vit dans sa bulle, entouré de gens qui pensent pareil ?
Ou un monde où on se cogne un peu, mais où on s’écoute encore ?
Je ne dis pas que tout se vaut. Je ne dis pas qu’il faut tolérer l’intolérable.
Mais si chaque désaccord devient une agression, on ne construit rien.
On s’enterre, chacun de son côté.
On ne débat plus. On impose.
Le courage, c’est pas d’avoir raison. C’est d’écouter.
🧠 Et parfois, de rester quand on a envie de fuir
C’est ça qu’on a perdu : le courage de rester dans la pièce quand quelqu’un dit un truc qui nous heurte. Pas pour valider. Mais pour comprendre d’où ça vient, et tenter de bouger la ligne.
Moi aussi j’ai voulu fuir. Me planquer. N’entendre que les voix qui me rassuraient.
Mais à force, je suis devenu sourd à ce qui me bousculait.
Et j’ai compris une chose : on ne devient pas plus libre en interdisant. On devient plus libre en s’armant. Intellectuellement. Émotionnellement. Collectivement.
💬 Et toi ? Est-ce que tu veux vraiment un monde sans tension, ou un monde où on ose encore se dire les choses ?