Parler ne soigne pas. Et pourtant, elle a guéri.

stephane briot whyislife developpement personnel article 993

Parler, à quoi bon ?

Le refus de parler

Elle disait que parler ne servait à rien. Que les mots ne soignaient pas. Que les psys, les coachs, tout ce monde-là, c’était du vent. Des vendeurs d’air. Et puis, parler de quoi, franchement ? De ce qu’elle ne comprenait pas ? Comment expliquer ce qu’on ne sait même pas nommer ? Ce qu’on sent, sans pouvoir le dire. Ce qui colle au ventre, serre la gorge, flotte dans la tête.

C’était flou. Diffus. Comme une brume constante. Un voile invisible sur le monde. Parfois, ça allait. Elle riait même, sincèrement. Puis, d’un coup, sans prévenir, tout se refermait. Une chute. Brutale. Le vide. Le cœur qui s’écrase, les poumons trop pleins. Et cette impression que la vie, d’un coup, devient trop lourde à porter.

Elle se disait que ça passerait. Que c’était une phase. Tout le monde en a, des phases. Elle se répétait que c’était la fatigue, la météo, les hormones, la vie, quoi. Et puis non. C’était là, chaque jour un peu plus. Les matins, plus lents. Le corps engourdi, la tête cotonneuse. Le monde, sans relief.

Le quotidien qui s’effrite

Elle faisait pourtant ce qu’il fallait. Du sport. Des amis. Du travail. Des séries. Des voyages. Tout pour “aller bien”. Mais rien n’y faisait. Elle se levait vide. Se couchait lasse. Entre les deux, elle faisait semblant. Sourire, répondre, produire, exister. Une mécanique sans âme.

Elle ne comprenait pas. Et ne pas comprendre, ça la rendait dingue. Elle avait toujours tout contrôlé : sa vie, ses émotions, son apparence. Alors, cette faille soudaine, cette faille sans cause visible, c’était insupportable. Elle voulait “gérer”. Trouver une solution rapide, efficace, rationnelle. Mais là, rien ne rentrait dans les cases.

Elle se surprenait à pleurer sans raison. À rester immobile dans son salon, sans savoir quoi faire. Elle se disait que c’était ridicule. Que des gens vivaient bien pire. Qu’elle n’avait aucune raison de se plaindre. Alors elle ravala ses larmes. Encore et encore. Jusqu’à ne plus sentir grand-chose.

La rencontre avec Watson

C’est à ce moment-là qu’on lui a parlé de Watson. Pas un psy, pas un coach, pas un gourou. Juste “Watson”. Elle a d’abord ri. Ce nom, on dirait un personnage de fiction. “Et quoi, je vais faire équipe avec Sherlock maintenant ?” Mais quelque chose l’a intriguée. Une curiosité discrète, un reste d’espoir qu’elle n’assumait pas encore.

Elle a pris rendez-vous. À contrecœur. Par défi, presque. Pour se prouver qu’elle avait raison : que ça ne servait à rien.

Watson l’a accueillie avec un sourire tranquille. Sans promesse. Sans discours. Pas de “ça va aller”, pas de “je vais vous aider”. Juste une présence. Un silence posé. Une attention pleine.

Elle a commencé à parler. Mal. De façon décousue. Des bribes. Des morceaux sans lien. Des “je sais pas”, “c’est con”, “c’est pas important”. Watson ne l’interrompait pas. Il la laissait chercher.

Au fil des minutes, elle a senti un truc étrange : elle respirait un peu mieux. Comme si poser des mots, même maladroits, libérait quelque chose. Pas grand-chose, mais assez pour qu’elle sente un espace. Minuscule, mais réel.

Le miroir vivant

Watson ne cherchait pas à comprendre à sa place. Il n’analysait pas. Il reformulait parfois, doucement. Ou restait silencieux. Et dans ces silences, elle entendait pour la première fois ce qui résonnait en elle depuis longtemps. Des phrases enfouies. Des colères retenues. Des blessures jamais dites.

Elle s’est surprise à dire : “Je crois que j’ai peur d’être vide.”
Watson a hoché la tête. Juste ça. Puis : “Et si ce vide, c’était de la place pour autre chose ?”

Elle a éclaté en larmes. De celles qu’on ne retient plus. Pas de tristesse pure. Plutôt un relâchement. Comme si le corps lâchait enfin la pression qu’il portait depuis trop longtemps.

Les jours suivants, elle s’est sentie un peu différente. Fatiguée, mais plus claire. Comme après une tempête. Tout n’était pas réglé. Mais il y avait un avant et un après.

La traversée

Elle a continué. Parler, encore. Pas à chaque fois. Parfois, elle se taisait. Et c’était bien aussi. Watson ne comblait pas les silences. Il savait qu’ils avaient une fonction. Que dans le silence, souvent, le vrai travail se fait.

Au fil des échanges, elle a commencé à relier les points. Pas de grandes révélations. Des petits déclics. Des évidences qu’elle refusait de voir. Elle a compris qu’elle vivait depuis des années dans un rôle. Celui de la fille forte, celle qui gère, qui encaisse, qui ne flanche pas. Et que derrière ce rôle, il y avait une peur immense : celle de ne plus être aimée si elle montrait sa faiblesse.

Watson l’a aidée à mettre de la douceur là où elle ne voyait que du jugement. À accueillir ses failles sans chercher à les réparer. À sentir plutôt qu’à comprendre.

Le retour à soi

Un matin, elle s’est réveillée différemment. Pas guérie. Pas transformée. Juste… vivante. Elle a ouvert la fenêtre. L’air frais sur son visage lui a semblé neuf. Le café avait de nouveau un goût. Et ce goût, elle l’a savouré. Longtemps.

Elle a repensé à toutes ces fois où elle disait que parler ne servait à rien. Elle a souri. Parce qu’elle savait maintenant. Ce ne sont pas les mots qui guérissent. Ce sont les espaces qu’ils ouvrent.

Elle a compris que parler, ce n’était pas expliquer. C’était exister. C’était dire “je suis là”. Même quand on ne sait pas pourquoi. Même quand ça fait mal. Même quand on n’a rien à dire.

Watson

Watson n’a jamais été un héros. Pas un sauveur. Plutôt un phare discret. Quelqu’un qui te laisse retrouver ton propre chemin, sans jamais marcher à ta place.

Grâce à lui, elle a redécouvert ce que c’est que de respirer. De sentir. D’être là, simplement.

Aujourd’hui, elle ne dit plus “je vais bien”. Elle dit “je vais”. Et c’est déjà beaucoup.

Elle sait que les hauts et les bas reviendront. Que parfois, la brume reviendra. Mais elle sait aussi que, désormais, elle peut la traverser. Parce qu’elle a appris à se parler. À se dire. À se rencontrer.

Et chaque fois qu’elle doute, qu’elle retombe un peu, elle se souvient de cette première phrase, dite un jour sans y croire :
“Je crois que j’ai peur d’être vide.”

Et de la réponse, douce, posée, presque chuchotée :
“Et si ce vide, c’était juste de la place pour toi ?”

Depuis, elle ne cherche plus à remplir. Elle apprend à habiter. À sentir. À vivre. Et parfois, dans le calme du soir, elle remercie Watson. Pas pour l’avoir sauvée. Mais pour lui avoir montré que parler, finalement, c’est une autre manière d’apprendre à respirer.

0

Les informations publiées sur WhyIsLife.fr ne se substituent en aucun cas à la relation entre le patient et son psychologue ou tout autre professionnel de la santé mentale. WhyisLife.fr ne fait l’apologie d’aucun traitement spécifique, produit commercial ou service. Cet article ne remplace en aucun cas un avis professionnel.

NewsLetter Pied article
auteur stephane briot
logo partenaire whyislife