L’IA te juge

Tu peux plus parler librement : ton téléphone te corrige, ton ton est analysé, et si tu blesses (même sans le vouloir), t’as un stage de “parole douce” obligatoire. Le monde est lisse, bienveillant… et flippant. Tu parles plus, tu récites. Tu ressens plus, tu simules. T’es vivant ? Pas sûr.

🤖 Surveillance bienveillante

Dis bonjour à la police du langage

Tu pensais que Big Brother allait surveiller tes opinions politiques ou ton historique de navigation ? Détrompe-toi. En 2028, ce qu’il surveille surtout, c’est ton niveau de bienveillance émotionnelle. Ton téléphone te colle au train, et ton micro capte tout. T’as dit “T’as été nul sur ce dossier” ? Bam. Avertissement comportemental. Pas parce que t’as crié. Parce que t’as “blessé”.

Bienvenue dans l’ère de la bienveillance obligatoire. Ou plutôt : de la dictature du “care” algorithmique.

L’origine : quand la bienveillance devient une arme

💊 Trop d’amour tue l’humain

À la base, l’idée était louable : créer un climat apaisé, plus doux, plus safe. Fini les managers violents, les parents humiliants, les conjoints qui te fracassent à coups de sarcasmes. L’objectif ? Réduire les tensions, encourager une communication respectueuse, pacifiée, “consciente”.

Mais très vite, ce “care” généralisé a dérapé.

  • D’abord, on a formé les gens à parler en mode chamallow.
  • Puis on a noté les écarts de langage.
  • Ensuite, on a codé une IA capable de scanner en temps réel ton ton, tes mots, ton intention supposée.
  • Et maintenant ? On punit les dérapages émotionnels involontaires.

T’as pas voulu blesser. Mais tu l’as fait. Donc tu dois réparer. Obligatoirement.

Ton téléphone t’écoute. Et te corrige.

📱 L’IA de “régulation émotionnelle” intégrée à ton quotidien

Chaque smartphone est désormais équipé d’un module de surveillance empathique. Une IA discrète, installée nativement, qui scanne chaque conversation pour y détecter :

  • des micro-agressions verbales,
  • des jugements implicites,
  • des formulations potentiellement violentes,
  • ou des phrases émotionnellement désalignées.

Tu parles trop vite, trop sec ?
Tu utilises une tournure du genre “tu n’as pas été à la hauteur” ?
Tu crois parler “franc”. Mais le logiciel, lui, y lit une blessure latente potentielle.

Et là, bim.
Notification comportementale :
“⚠️ Votre ton est jugé directif et pourrait être mal perçu. Veuillez reformuler.”

Deux avertissements, et tu repars en “stage de conscience”

⛓️ Rééducation douce, mais obligatoire

Une fois détecté comme “récidiviste émotionnel”, t’as pas le choix.
Tu dois suivre 10h de formation à la communication non-violente augmentée par IA.

Au programme :

  • Apprendre à reformuler toute pensée directe en suggestion émotionnelle.
  • Supprimer tout mot jugé clivant (ex. : “erreur”, “déçu”, “dominer”).
  • Insérer des modules de validation affective dans chaque phrase.
  • Respirer avant de parler (obligatoire : un bracelet biométrique te signale si ton rythme cardiaque grimpe).

Et à la fin ?
Tu deviens un expert de la parole lisse. Une belle coquille vide.
Félicitations. T’es devenu compatible avec le système.

Résultat : tout le monde sourit. Et crève lentement dedans.

😶‍🌫️ L’ère du langage zombie

Tu ne peux plus dire “je suis en colère”.
Tu dois dire “je ressens une tension dans mon système émotionnel interne”.

Tu ne peux plus dire “ça me saoule que tu sois en retard”.
Tu dis “je constate que mon besoin de fiabilité n’a pas été nourri”.

T’as plus de voix.
T’as des scripts.

Et le plus flippant ?
Tu crois que c’est pour ton bien. Parce que tu t’auto-surveilles. L’IA n’a même plus besoin d’intervenir. T’as intégré la censure. Tu t’asplatisses par réflexe. Et quand quelqu’un ose encore dire les choses cash, tu flippes. Tu le regardes comme un danger. Un fou.

Et les vrais conflits ? Enterrés sous un vernis mielleux

🧠 Le déni émotionnel généralisé

Plus personne ne se confronte vraiment.
Plus personne ne gueule, ne pleure, ne se fâche.

On “explore nos ressentis”, on “exprime nos besoins”, on “se relie à notre vulnérabilité commune”.

Mais en vrai ?
On étouffe.

On vit dans un monde où la parole est aseptisée, les désaccords sont neutralisés, les tensions sont invalidées au nom d’un “vivre ensemble” sans frottement.
Et dans ce monde-là, la sincérité devient un crime, le conflit un trouble comportemental, la franchise une agression codifiée.

Comment ne pas en arriver là ?

💥 Réapprends à dire les choses. Mal. Fort. Humainement.

Tu veux éviter de te faire lobotomiser à coups de “je me sens en besoin de douceur” ?
Commence par réhabiliter la franchise, la colère, la maladresse.

  1. Exprime-toi sans filtre. Même si c’est brut. Même si c’est pas parfait.
  2. N’aie pas peur du conflit. C’est dans la friction que les liens se forgent.
  3. Prends le risque d’être mal compris. C’est ça, être vivant.
  4. Apprends à écouter l’autre, pas à le formater.

Et surtout :
Ne laisse pas une IA te dicter ton langage intérieur.
Ce que tu ressens, ce que tu penses, ce que tu exprimes : c’est à toi. À TOI.
Pas à une machine, ni à une norme sociale emballée sous cellophane bienveillant.

🎯 Une phrase mal dite vaut mieux qu’un silence bien pensé

Parce qu’on ne construit pas du vrai avec du flou.
Parce que la vérité heurte parfois, mais elle relie aussi.
Parce que ce n’est pas en supprimant les tensions qu’on crée la paix :
c’est en les traversant.

Alors, garde ta voix rugueuse,
garde tes mots imparfaits,
et surtout… parle.

🚫 Si tu veux un sauveur, ferme l’onglet.
✅ Si tu veux avancer, c’est par ici que ça se passe.

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