L’erreur des gourous du “passe à l’action”
T’as déjà entendu ça mille fois :
“T’es pas bloqué. T’es pas paresseux. T’as juste pas de discipline.”
Et derrière, l’avalanche de conseils de warriors :
- “Fais-le même si t’as pas envie.”
- “Discipline > motivation.”
- “Agis, tu verras plus tard comment tu te sens.”
Le tout, saupoudré de dopamine artificielle et de stories à 5h du mat’.
Mais on va se dire la vérité : c’est pas ta discipline qui est morte, c’est ta sécurité intérieure qui est absente.
Et tant qu’on ne parle pas de ça, on tourne en rond dans la même vieille boucle de culpabilisation et d’échec programmé.
1. “T’as pas de discipline” = l’excuse des bourreaux bienveillants
💣 Le raccourci qui flingue
Dire à quelqu’un qu’il manque de discipline, c’est simple, rapide et condescendant.
- Tu le responsabilises… sans contexte.
- Tu fais de son inaction une faiblesse morale.
- Tu expliques son immobilisme par un manque de volonté.
Mais ce que t’oublies, c’est que la discipline, ça pousse pas dans le vide. Ça pousse dans un climat d’ancrage, de confiance, de sécurité. Si tu te sens constamment menacé, si t’as l’impression que chaque action peut t’exposer ou t’humilier, ton cerveau bloque.
Et c’est pas une question de flemme. C’est une réaction biologique.
2. Ton système nerveux n’est pas ton ennemi, il te protège
⚠️ Et parfois, il t’empêche d’agir… pour de bonnes raisons
Quand t’as grandi dans l’insécurité, quand t’as été humilié, abandonné, jugé,
T’as développé un truc simple :
“Si je tente un truc, je risque gros.”
Ton système nerveux enregistre le risque, pas l’opportunité.
Alors à chaque fois que tu veux :
- lancer un projet,
- prendre la parole,
- te mettre en avant…
Ton corps dit non. Pas parce qu’il est flemmard. Parce qu’il est traumatisé.
Et ce “non”, c’est pas de la paresse, c’est de la survie.
3. La discipline, c’est une conséquence, pas un point de départ
🔁 Tu veux des habitudes stables ? Commence par stabiliser ton environnement
Tu veux créer une routine, mais tu vis dans le chaos.
Tu veux écrire chaque jour, mais t’es rongé par l’anxiété.
Tu veux te lever à 6h, mais ton sommeil est pourri par les pensées noires.
Et là, les gourous te disent :
“Passe à l’action ! Fais-le quand même !”
Mais sans sécurité, chaque action coûte dix fois plus.
Chaque prise de décision te vide.
Chaque objectif devient une épreuve.
Tu crois manquer de discipline.
Mais t’as juste pas la base. Pas le sol. Pas l’apaisement.
4. Le culte de la performance t’écrase en te souriant
🪤 “Si t’es pas au taquet, t’as raté ta vie”
La société actuelle t’envoie un message constant :
Sois productif. Sois rapide. Sois fort.
Et si t’es pas ça ?
T’es “à la traîne”, “pas aligné”, “bloqué”.
Le développement personnel mainstream a recyclé les mêmes injonctions que le capitalisme sauvage :
- Plus tu fais, plus tu vaux.
- Le repos, c’est pour les faibles.
- Si t’es pas efficace, c’est que t’as un problème.
Mais non, mec.
Si t’es épuisé, c’est normal.
Si t’arrives pas à enchaîner, c’est que ton système est saturé.
Pas que t’es fragile. Pas que t’es nul.
5. Ce qu’il te faut, c’est un socle, pas un fouet
🔧 Voici les vraies bases de la discipline :
- Des repères stables : horaires, lieux, rythmes qui rassurent.
- Un espace émotionnel sécurisé : où tu peux échouer sans te juger.
- Des micro-engagements : pas des objectifs écrasants.
- Une écoute corporelle réelle : tu bosses pas contre ton corps, tu bosses avec lui.
- Du respect pour ton rythme : t’es pas une machine, t’es pas Tony Robbins.
La discipline vient quand t’es en sécurité.
Pas quand tu te fous la pression H24.
Elle émerge quand tu cesses de te violenter.
tu n’es pas paresseux, tu es épuisé d’avoir survécu
T’as peut-être passé 10, 20, 30 ans à tenir debout sans soutien.
T’as peut-être compensé avec la rage, le perfectionnisme, la fuite.
Et aujourd’hui, ton corps demande une pause. Ton esprit demande un abri.
La discipline viendra. Mais d’abord, donne-toi ce que t’as jamais eu : un sentiment de sécurité. Un sol. Un refuge. Un respect. Et là, tu verras. Tu n’auras plus besoin de te forcer.
Tu bougeras parce que t’es prêt, pas parce qu’on t’a dit de le faire.