Tes comportements te trahissent : deuxième piste de l’enquête
Tu sais ce que les gens me disent souvent quand ils viennent me voir ?
“Je sais ce que je dois faire. Mais je ne le fais pas.”
Ou encore :
“J’arrête pas de faire des trucs que je ne veux plus faire.”
Le niveau du comportement. C’est le deuxième étage de la pyramide de Dilts. Juste au-dessus de l’environnement. C’est le niveau de l’action. Ou de l’inaction.
C’est ce que tu fais. Ou ce que tu ne fais pas.
Et c’est souvent là qu’on pointe du doigt en premier.
“Si seulement j’arrêtais de procrastiner…”
“Si seulement je me mettais au sport…”
“Si seulement j’osais dire non…”
Sauf que voilà.
Tes comportements ne sont jamais le vrai problème. Ce sont juste les symptômes.
Aujourd’hui, on va mener l’enquête sur tes comportements. Pour comprendre pourquoi tu répètes ce que tu ne veux plus répéter. Et pourquoi changer de comportement sans regarder au niveau supérieur… ça ne marche jamais très longtemps.
Le comportement : ce que tu fais (ou ne fais pas)
Dans les niveaux logiques de Dilts, le comportement répond à une question simple :
Quoi ?
Qu’est-ce que tu fais concrètement ? Quelles sont tes actions ? Tes habitudes ? Tes réflexes ?
Exemples de comportements :
- Tu procrastines
- Tu dis oui alors que tu penses non
- Tu te lèves en retard tous les matins
- Tu évites les conflits
- Tu ne prends pas soin de toi
- Tu passes tes soirées sur Netflix au lieu de bosser sur ton projet
Le comportement, c’est le niveau visible. C’est ce que les autres voient. Et c’est souvent ce qu’on veut changer en premier.
Parce que c’est concret. C’est mesurable. C’est tangible.
Mais voilà le truc.
Tes comportements sont pilotés par les niveaux supérieurs : tes capacités, tes croyances, ton identité.
Et tant que tu ne changes pas ce qui se passe au-dessus… tes comportements ne tiendront pas.
La confusion la plus courante : croire que le comportement est le problème
Je me souviens de Damien. (Prénom changé, évidemment.)
Il venait me voir parce qu’il n’arrivait pas à “passer à l’action”. Il procrastinait. Depuis des années.
Il avait tout essayé.
Les to-do lists. Les applications de productivité. Les techniques Pomodoro. Les livres sur la discipline.
Rien ne tenait.
Au bout de quelques jours, il retombait dans ses vieux schémas.
Alors il se disait : “Je suis faible. Je manque de volonté. Je suis nul.”
On a mené l’enquête ensemble. Et très vite, on a compris que son problème n’était pas au niveau du comportement.
C’était au niveau des croyances.
Il portait cette phrase, héritée de son père : “Tu ne termineras jamais rien.”
Alors inconsciemment, chaque fois qu’il essayait de passer à l’action, une part de lui sabotait. Parce qu’au fond, il avait intégré qu’il n’était pas quelqu’un qui “termine les choses”.
On ne peut pas résoudre un problème de croyances avec une solution de comportement.
C’est ça, la puissance de l’enquête. Tu arrêtes de chercher la solution au mauvais endroit.
Pourquoi tes comportements se répètent malgré toi
Tu veux savoir pourquoi tu continues de faire ce que tu ne veux plus faire ?
Parce que tes comportements sont automatiques.
Ils sont pilotés par tes capacités (tu sais faire ou tu ne sais pas faire), tes croyances (ce que tu crois vrai sur toi et sur le monde), et ton identité (qui tu crois être).
Exemple concret :
Tu dis oui à tout le monde, même quand tu crèves d’envie de dire non.
Ce comportement ne vient pas de nulle part.
Il vient peut-être de :
- Tes capacités : tu ne sais pas comment dire non sans te sentir coupable
- Tes croyances : “Si je dis non, on va me rejeter”
- Ton identité : “Je suis quelqu’un de gentil, et les gens gentils ne disent pas non”
Tant que tu ne changes pas ce qui se passe au-dessus, tu peux te forcer à dire non une fois, deux fois… mais ça ne tiendra pas.
Parce que tu te bats contre toi-même.
Mener l’enquête sur tes comportements : les questions à te poser
Voilà comment on procède.
On observe. On note. On cherche les patterns.
Indice n°1 : quels sont tes comportements récurrents ?
Liste les actions que tu répètes, même quand tu ne le veux pas.
- Qu’est-ce que tu fais systématiquement ?
- Qu’est-ce que tu ne fais jamais, même quand tu te dis que tu vas le faire ?
Ce qu’on cherche : les automatismes qui te sabotent.
Je pense à Émilie. Elle se plaignait de ne jamais avoir de temps pour elle.
En listant ses comportements, on a découvert qu’elle disait oui à toutes les demandes de son entourage. Sans exception.
Son problème n’était pas un manque de temps. C’était un comportement : l’incapacité à poser des limites.
Indice n°2 : qu’est-ce qui déclenche ces comportements ?
Tes comportements ne sortent pas de nulle part. Ils sont déclenchés par quelque chose.
- Dans quelles situations tu agis comme ça ?
- Qu’est-ce qui se passe juste avant ?
- Y a-t-il un pattern temporel ou relationnel ?
Ce qu’on cherche : les déclencheurs invisibles.
Je me souviens de Thomas. Il se mettait en colère “pour rien”, régulièrement. Ça explosait. Sans raison apparente.
En creusant, on a découvert que ça arrivait toujours quand il se sentait ignoré. Quand on ne l’écoutait pas. Quand on ne prenait pas en compte son avis.
Son comportement (la colère) était déclenché par une croyance : “Si on ne m’écoute pas, c’est que je ne compte pas.”
Indice n°3 : qu’est-ce que ce comportement te permet d’éviter ?
C’est la question la plus importante.
Tes comportements dysfonctionnels te protègent de quelque chose.
- Qu’est-ce que tu évites en faisant ça ?
- Qu’est-ce que tu n’aurais pas à affronter si tu continuais comme ça ?
Ce qu’on cherche : la fonction cachée du comportement.
Je pense à Sophie. Elle procrastinait sur son projet depuis des mois.
En enquêtant, on a compris que son comportement (la procrastination) lui permettait d’éviter quelque chose de bien plus effrayant : l’échec.
Tant qu’elle ne se lançait pas, elle ne pouvait pas échouer. Elle restait dans le confort du “et si”.
Son comportement n’était pas le problème. C’était sa stratégie d’évitement. Et derrière, il y avait une croyance : “Si j’échoue, ça prouvera que je ne vaux rien.”
La confusion entre comportement et identité
Un des trucs les plus toxiques qu’on fait, c’est confondre nos comportements avec notre identité.
On se dit :
- “Je procrastine, donc je suis fainéant”
- “Je n’ose pas m’affirmer, donc je suis faible”
- “Je ne finis jamais rien, donc je suis nul”
Non.
Un comportement, ce n’est pas qui tu es. C’est juste ce que tu fais dans un contexte donné, avec les capacités et les croyances que tu as à ce moment-là.
Je me souviens de Marc. Il se définissait comme “quelqu’un qui n’a pas de volonté”.
Parce qu’il avait essayé dix fois d’arrêter de fumer. Et dix fois, il avait repris.
Sauf que son problème n’était pas au niveau du comportement (fumer) ni au niveau de l’identité (être quelqu’un “sans volonté”).
Son problème était au niveau des croyances : “J’ai besoin de béquilles pour tenir.”
Tant qu’il ne changeait pas cette croyance, aucun changement de comportement ne pouvait tenir.
Et confondre comportement et identité, c’est s’enfermer dans une prison.
Quand changer de comportement ne suffit pas
Il y a des moments où tu peux changer tes comportements directement.
Exemples :
- Tu ranges ton bureau → ton environnement s’améliore → tu te sens mieux
- Tu te lèves 30 minutes plus tôt → tu as plus de temps → tu es moins stressé
Dans ces cas-là, le changement de comportement fonctionne.
Mais il y a d’autres moments où ça ne marche pas. Où tu te forces, tu tiens une semaine, et puis tu retombes.
Pourquoi ?
Parce que le vrai blocage est au niveau supérieur.
Je pense à Anne. Elle essayait de “faire du sport” depuis des années. Elle tenait un mois. Puis elle arrêtait.
Elle se disait qu’elle “manquait de motivation”.
En creusant, on a compris que son blocage n’était pas au niveau du comportement (faire du sport).
Il était au niveau de l’identité : “Je ne suis pas une sportive.”
Tant qu’elle se définissait comme ça, elle ne pouvait pas maintenir le comportement. Parce que ça créait une dissonance intérieure.
La solution n’était pas de se forcer à faire du sport. C’était de changer sa croyance sur qui elle était.
Les comportements comme indices, pas comme coupables
Voilà ce qu’il faut retenir.
Tes comportements ne sont jamais le vrai problème. Ce sont des indices.
Des indices qui pointent vers quelque chose de plus profond :
- Une capacité que tu n’as pas encore développée
- Une croyance qui te sabote
- Une identité qui ne correspond plus à qui tu veux être
C’est pour ça qu’on mène l’enquête.
On observe tes comportements. On note les patterns. On cherche les déclencheurs.
Et puis on remonte. Niveau par niveau.
Pour comprendre pourquoi tu agis comme ça. Et ce qui doit changer pour que tes nouveaux comportements tiennent.
Les trois types de comportements à observer
Quand on mène l’enquête, on observe trois types de comportements :
1. Les comportements d’action
Ce que tu fais activement.
Exemples :
- Tu te lèves tôt
- Tu vas courir
- Tu dis oui à tout
- Tu cries quand tu es en colère
Ces comportements sont visibles. C’est ce que les autres voient.
2. Les comportements d’évitement
Ce que tu ne fais pas pour éviter quelque chose.
Exemples :
- Tu procrastines pour éviter l’échec
- Tu évites les conflits pour ne pas être rejeté
- Tu ne demandes pas d’aide pour ne pas paraître faible
Ces comportements sont plus subtils. Mais ils sont tout aussi révélateurs.
3. Les comportements automatiques
Ce que tu fais sans y penser.
Exemples :
- Tu regardes ton téléphone dès que tu t’ennuies
- Tu grignotes quand tu es stressé
- Tu te rabaisses dès qu’on te fait un compliment
Ces comportements sont pilotés par tes croyances et ton identité. Ce sont eux qu’on doit enquêter en priorité.
Quand tu peux changer tes comportements directement (et quand tu ne peux pas)
Tu peux changer tes comportements directement quand :
- Le blocage est vraiment au niveau du comportement
- Tu as les capacités nécessaires
- Tes croyances ne sabotent pas
- Ton identité n’est pas en conflit avec le nouveau comportement
Exemples :
- Ranger ton bureau
- Te lever plus tôt
- Bloquer des créneaux dans ton agenda
Tu ne peux PAS changer tes comportements directement quand :
- Le blocage est au niveau des capacités (tu ne sais pas comment faire)
- Le blocage est au niveau des croyances (tu ne crois pas que c’est possible)
- Le blocage est au niveau de l’identité (ce n’est pas “toi”)
Dans ces cas-là, tu dois remonter au niveau supérieur.
Ce que tu peux faire maintenant
Tu ne vas pas résoudre toute l’enquête en lisant cet article.
Mais tu peux commencer à observer tes comportements avec un œil d’enquêteur.
Pose-toi ces questions :
- Quels sont les comportements que je répète, même quand je ne le veux pas ?
- Qu’est-ce qui déclenche ces comportements ? Y a-t-il un pattern ?
- Qu’est-ce que ce comportement me permet d’éviter ?
- Est-ce que je confonds ce comportement avec mon identité ?
- Est-ce que je peux changer ce comportement directement, ou est-ce que le blocage est ailleurs ?
Si tu arrives à changer tes comportements directement, fais-le. C’est le niveau le plus simple à actionner.
Mais si ça ne tient pas. Si tu retombes. Si tu te forces sans succès.
Alors le blocage est ailleurs. Au niveau des capacités, des croyances, ou de l’identité.
Et c’est là qu’on va enquêter dans les prochains articles.
Dans les prochains épisodes de cette enquête, on va explorer :
- Tes capacités : pourquoi tu sais faire mais tu n’y arrives pas
- Tes croyances : les phrases héritées qui te sabotent
- Ton identité : qui tu crois être vraiment
- Ton sens : ce qui te donne envie de te lever le matin
En attendant, observe tes comportements. Avec curiosité. Sans jugement.
Ils ne te définissent pas. Ils te révèlent.
Prêt à aller plus loin ?
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→ Découvre L’Enquête : 4 semaines pour démêler ce qui se passe vraiment en toi



