Et si accuser les autres était le meilleur moyen de gâcher ta vie

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Responsable ou Victime ?

L’enquête secrète pour (enfin) reprendre le pouvoir sur ta vie

Qui veut lever la main et dire : « C’est moi. C’est moi le coupable » ?

Personne.

Soyons honnêtes deux minutes. Quand la vie se grippe, quand le vide s’installe le dimanche soir, quand tu te réveilles avec cette boule au ventre que tu connais par cœur, ton premier réflexe n’est pas de te regarder dans la glace.

Ton premier réflexe, c’est de chercher un suspect.

C’est humain. C’est même un mécanisme de survie. On pointe du doigt. Mes parents m’ont mal aimé. Mon patron est un tyran. La société est foutue. Mon conjoint ne me comprend pas. Si j’en suis là, bloquée dans ce brouillard, c’est à cause d’eux.

C’est l’alibi parfait.

Je connais ce tribunal intérieur. Je l’ai présidé pendant des années. J’ai accusé la terre entière. J’ai accusé ma mère, ses mots qui tuaient (« T’es un bon à rien » ), sa violence, ce climat de guerre froide à la maison. J’ai accusé la malchance quand mon cœur a lâché une première fois à 37 ans. J’ai accusé le sort.

Et tu sais ce que ça m’a apporté ? Rien. Absolument rien, à part une colère froide et une stagnation chronique.

Aujourd’hui, j’ouvre le dossier. On va mener l’enquête ensemble. Pas pour te juger — tu le fais déjà assez bien tout seul. Mais pour comprendre comment, en refusant d’endosser la responsabilité de ton propre désordre, tu as, sans le savoir, rendu les armes et donné les clés de ta maison à tes tortionnaires.

1. Le suspect idéal n’est jamais celui qu’on croit

Nous avons tous une histoire. La tienne est peut-être lourde. Peut-être que, comme moi, tu as grandi dans le bruit et la fureur, ou au contraire dans un silence de mort où les émotions étaient interdites. Peut-être que tu as tout fait “comme il fallait” — les études, le job, la famille — pour te rendre compte à 40 ans que tu as coché toutes les cases de la grille de quelqu’un d’autre.

Regardons les faits. Tu te sens bloquée ou hésitante. Tu as l’impression de subir ta vie plutôt que de la vivre. Et tu as identifié des coupables extérieurs.

Prends l’histoire de “Sophie” (nom modifié). Sophie a tout quitté pour suivre un homme en Normandie. Elle pensait que le problème, c’était la ville, son ancien job, son passé. Elle est arrivée là-bas, et devine quoi ? Le chaos a suivi. Son beau-père était autoritaire, sa fille a fui le foyer, et elle s’est retrouvée isolée, à se dire que c’était la faute de son compagnon, la faute de sa mère qui continuait de la critiquer à distance.

Sophie avait un alibi en béton : “Je suis malheureuse parce qu’ils sont durs avec moi.”

C’est une défense qui tient la route devant un tribunal. Mais dans la vraie vie, ça ne t’aide pas à dormir. Tant que tu penses que ton mal-être dépend de l’attitude de ta mère, de l’humeur de ton boss ou de la météo économique, tu es foutue. Tu es une marionnette dont les autres tirent les fils.

Se défausser, c’est confortable à court terme. Ça protège l’ego. Ça évite de se poser la question terrifiante : « Et si c’était moi qui laissais faire ? »

2. La reconstitution de la scène de crime

L’enquête commence vraiment quand tu arrêtes de regarder par la fenêtre pour regarder ce qui se passe à l’intérieur de la pièce. C’est le moment le plus dur. C’est celui où l’on braque la lampe torche dans les coins sombres.

Je vais te dire une vérité qui dérange, une de celles que je partage souvent lors des bilans : ce n’est pas parce que tu as souffert que tu as raison.

J’ai cru, après mon premier infarctus, que la “lumière blanche” allait me changer. Que j’allais devenir un sage, un père modèle, un homme apaisé. Conneries. Trois mois plus tard, j’étais le même, avec les mêmes colères et les mêmes peurs. Pourquoi ? Parce que je n’avais pas changé mon logiciel. J’attendais que l’événement me transforme. J’attendais d’être sauvé.

Regarde “Thomas” (nom modifié). Un type brillant, manager, une réussite insolente sur le papier. Il gérait tout, tout le temps. Il pensait que son épuisement venait de la charge de travail, de ses clients, de ses employés. Il se voyait en victime de son propre succès.

En creusant un peu, en menant l’enquête, on a trouvé le vrai mobile. Ce n’était pas le travail le problème. C’était sa peur panique du vide. Thomas remplissait son agenda pour ne pas avoir à se retrouver seul avec lui-même. Son “bourreau” (le travail), c’était lui qui l’avait embauché pour ne pas avoir à affronter ses propres silences. Il s’était construit une prison dorée dont il avait gardé la clé dans sa poche.

C’est ça, la lucidité. C’est admettre que la plupart des murs dans lesquels on se cogne, on les a construits nous-mêmes.

  • Tu te plains qu’on ne t’écoute pas ? Est-ce que tu t’exprimes vraiment, ou est-ce que tu attends qu’on te devine ?
  • Tu te plains d’être débordée ? Est-ce que tu as posé des limites, ou est-ce que tu as dit “oui” quand tu pensais “non” par peur de ne plus être aimée ?

Ce n’est pas de la culpabilité. C’est de la responsabilité. La nuance est gigantesque. La culpabilité te paralyse (“Je suis nulle”). La responsabilité te redonne le pouvoir (“C’est moi qui ai fait ce choix, je peux en faire un autre”).

3. Le verdict : Plaider coupable pour être enfin libre

Alors, on fait quoi une fois qu’on a les preuves sous les yeux ? On s’effondre ? On pleure ? Oui, un peu. Ça fait mal à l’ego. J’ai pleuré quand j’ai compris que je n’étais pas la victime de ma mère, mais le complice de ma propre soumission à son modèle.

Mais après les larmes, il y a un truc incroyable qui se passe. Une forme de silence. De paix.

Si tu es responsable de ton malheur, alors tu es la seule personne qualifiée pour construire ton bonheur. C’est mathématique. Tu reprends les commandes. Tu arrêtes d’attendre que ton mari change, que ta mère s’excuse (spoiler : elle ne le fera pas 14), ou que le monde devienne plus doux.

Tu commences à trouver du plaisir dans ce qui est là, maintenant. Dans la banalité.

L’ADN de mon travail, ce n’est pas de te vendre du rêve ou de te promettre que tu vas devenir milliardaire à Bali. C’est de t’aider à kiffer ta vie banale. Parce que la vie, c’est 90% de banalité. La vaisselle, les bouchons, les réunions, les devoirs des enfants. Si tu attends l’extraordinaire pour être heureux, tu vas passer ta vie en salle d’attente.

La responsabilité, c’est de décider de mettre de la qualité, de l’attention et de la présence dans ces moments-là. C’est décider que personne ne peut te voler ta paix intérieure, parce qu’elle ne dépend plus des circonstances extérieures.

J’ai encore des hauts et des bas. J’ai encore des peurs. Mais je n’ai plus d’excuses. Je ne me cache plus. Et cette liberté-là, elle vaut tout l’or du monde.

Les pièces à conviction pour avancer (Dès maintenant)

Tu veux commencer l’enquête sur toi-même ? Voici trois actions concrètes pour passer du banc des victimes au fauteuil de l’enquêteur :

  • Repère la plainte récurrente : Quelle est la phrase que tu répètes tout le temps ? “Je n’ai pas le temps”, “Ils m’énervent”, “Je suis fatiguée”. Note-la. C’est ton alibi. C’est l’arbre qui cache la forêt de ton refus de choisir.
  • Identifie le bénéfice caché : C’est la question qui pique. Quel est ton avantage à rester dans cette situation pourrie ? Est-ce que ça te permet de te plaindre et d’attirer l’attention ? Est-ce que ça t’évite de prendre un risque et d’échouer ? Il y a toujours un bénéfice secondaire, même dans la souffrance. Trouve-le.
  • Change un micro-choix : N’essaie pas de tout révolutionner demain. Choisis une petite zone de friction où tu accuses les autres, et reprends la main. Tu rentres tard du boulot ? Ne dis pas “Mon patron m’a retenue”. Dis “J’ai choisi de rester pour finir ce dossier, demain je partirai à 18h”. Réapproprie-toi tes décisions.

Tu n’es pas coupable de ce qu’on t’a fait dans l’enfance. Mais tu es responsable de ce que tu en fais aujourd’hui. L’enquête est ouverte. À toi de jouer.

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auteur stephane briot
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