🧠 L’Index de Santé Mentale publique (ISM) : bienvenue dans la dictature du bien-être
T’as mal dormi ?
Tu pleures dans ta bagnole ?
T’as la gorge serrée à l’idée d’aller bosser ?
Mauvaise nouvelle :
Ton ISM vient de chuter.
Dans cette société-là, ta santé mentale n’est plus une affaire privée.
Elle est notée, scannée, tracée.
Et elle décide de tout :
- Crédit refusé.
- Candidature rejetée.
- Logement inaccesssible.
- Relation sociale glaciale.
T’as flanché ?
T’es marqué.
🔥 Origine : burn-out collectif, réponse algorithmique
On part d’un vrai constat :
- Arrêts maladie massifs pour anxiété, dépression, épuisement.
- Hausse des suicides.
- Coût astronomique pour la sécu, les entreprises, les familles.
- Des milliers de personnes en errance psychologique, trop bien habillées pour aller à l’asile, mais trop brisées pour bosser.
Alors l’État a lancé un programme de “prévention active”.
Mais à la sauce tech.
Avec des tableaux de bord.
Des scores.
Des seuils.
Et c’est là qu’est né l’Index de Santé Mentale (ISM).
📊 C’est quoi, ce score ?
C’est un chiffre.
Mis à jour toutes les 48h.
Calculé à partir de :
- Tes recherches Google.
- Tes messages privés.
- Ton rythme cardiaque (montre connectée).
- Ton langage corporel (caméras de métro, open space).
- Tes interactions sociales (volume, tonalité, fréquence).
- Ton historique médical, bien sûr.
- Et même… tes likes.
Trop de vidéos sur le burn-out ? ISM -2.
Tu refuses une sortie ? ISM -1.
Tu parles de “fatigue mentale” dans un mail ? ISM -5.
⚠️ Les conséquences d’un score bas
T’as un ISM sous 65/100 ?
T’es en zone orange.
Sous 50 ?
T’es grillé.
Concrètement ?
- Ta banque refuse ton prêt.
- Ton employeur déclenche une “enquête préventive”.
- Ton proprio te résilie le bail “par précaution”.
- Ton assurance augmente de 30 %.
Et socialement ?
Tu deviens une menace émotionnelle.
Un mec/une nana qui va “péter un plomb”.
Même tes potes prennent leurs distances.
🧪 Et pour “remonter” ton ISM ?
Facile.
T’as qu’à consommer.
- Coaching personnalisé “spécial ISM+”.
- Retreats bien-être corporate.
- Applis de gratitude connectées à ton compte central.
- Séances d’optimisation cognitive certifiées.
Tu payes.
Tu performes.
Tu “proves yourself”.
Tu fais semblant d’aller bien, pour pouvoir vivre.
💬 Ton bien-être est devenu ton pass social
Tu croyais que ton mental t’appartenait ?
Raté.
Désormais, tu dois démontrer que tu vas bien pour exister.
Tu dois afficher un niveau émotionnel acceptable.
Pas trop d’euphorie.
Pas trop d’effondrement.
Juste ce qu’il faut d’enthousiasme calibré.
“Être stable”, dans ce monde, c’est un métier.
🧨 Et si tu craques ? C’est foutu.
Une crise de panique ?
Un arrêt ?
Une semaine où t’arrives plus à faire semblant ?
Ton ISM chute.
Tu passes en “zone rouge”.
Tu reçois un mail :
“Vous êtes actuellement considéré comme instable sur le plan mental. Merci de vous mettre en retrait pour préserver la dynamique collective.”
Traduction ?
Débranche. Disparais. Redeviens fréquentable.
Ou crève discrètement.
📉 Le développement personnel devient une injonction sociale
Dans cette société, le développement personnel n’est plus une démarche.
C’est une obligation.
Tu dois :
- Lire les bons bouquins.
- Avoir le bon discours.
- Émettre les bonnes ondes.
Tu veux juste vivre ton mal-être ?
T’as pas le droit.
🛑 Et comment on en sort ?
On arrête de croire que le bien-être se décrète.
On arrête de confondre performance émotionnelle et maturité.
Et surtout :
on redonne le droit au vide, au doute, à la chute.
Tu veux sauver cette société ?
Autorise les gens à aller mal sans les punir.
🔚 ton cerveau n’est pas un KPI
T’as pas été conçu pour performer en continu.
T’es pas un profil LinkedIn émotionnel.
Et si on continue comme ça ?
On va tous finir à se coacher les uns les autres pendant qu’on s’effondre en silence.
Parce que dans ce monde-là,
la santé mentale est devenue une condition d’intégration.
Pas un droit.
Pas une quête.
Juste un seuil à maintenir. Ou à crever.
🧭 Alors, Comment ne pas en arriver là ?
C’est simple. Faut pas attendre que le système te scanne le crâne pour te demander si ça va.
- Parle vrai. Pas pour te plaindre à tout bout de champ. Mais pour que l’émotion ne devienne pas un poison silencieux.
- Écoute sans corriger. Quand quelqu’un flanche, t’as pas besoin de recadrer, de coacher ou de motiver. Juste d’être là.
- Arrête de rendre le bien-être obligatoire. Si t’es pas bien, c’est pas un bug. C’est un signal. Et ce signal, faut pouvoir l’accueillir sans que ça te coûte ta place dans le monde.
Et surtout : refuse de laisser ton état d’âme devenir un indicateur de performance.
- T’as le droit d’aller mal. De douter. De chuter.
- T’as le droit d’être vivant, merde.