Projeter ses peurs sur les autres
Quand ton malaise parle plus fort que ma tendresse
Je vais te dire ce que j’ai fait.
J’ai regardé ma fille dormir.
Comme tous les parents le font.
Avec ce moment suspendu, doux, calme. Un silence plein. Le genre de silence qu’on ne trouve que là, quand l’enfant dort et que le monde s’efface.
Et j’ai pris une photo. Ou plutôt, j’ai pris une photo puis, pour ne pas exposer ma fille inutilement, j’ai demandé à une IA de recréer ce moment. Pas pour l’exposer. Pas pour provoquer. Mais pour capturer cette émotion que je n’arrivais pas à décrire.
Et j’ai partagé.
Avec pudeur.
Avec amour.
Avec cette envie simple de dire : « Je vis quelque chose de beau. »
Ce que j’ai reçu en retour ?
« Ta démarche est malsaine. »
« Flippant. »
« Un poil pédophile. Remets-toi en question. »
Ce moment-là, il m’a glacé. Parce qu’il ne parlait pas de moi. Il parlait d’eux.
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Ce que tu vois en moi, c’est ce que tu ne veux pas voir en toi
On appelle ça la projection.
C’est quand tu déplaces ton propre malaise sur l’autre, parce que le garder à l’intérieur serait trop inconfortable.
C’est un vieux mécanisme, bien connu en psychologie. Et aujourd’hui, il se nourrit d’Internet comme un feu de paille.
Tu vois une image douce. Mais tu ne la vois pas.
Tu vois ce que tu crains. Tu vois ce que tu redoutes de toi. Tu vois ce que la société te hurle à l’oreille : attention, dérive, déviance, dégoût.
Alors tu tires. Tu blesses. Tu coupes court.
Mais ta peur ne me concerne pas.
Ta peur, c’est à toi de l’accueillir. Pas à moi de la porter.
Quand la peur dévore le respect
Il y a une ligne qu’on ne devrait jamais franchir.
La critique, je peux l’entendre. La discussion, je l’accueille.
Mais me prêter des intentions que je n’ai jamais eues ? Me coller une étiquette abjecte pour te défouler ? Non.
Ce n’est pas moi que tu protèges. Ce n’est pas ta vertu que tu affirmes. C’est ta colère que tu jettes en pleine figure, masquée sous un vernis de moralité. Et c’est dangereux.
Parce que pendant que tu tapes, à tort, les vrais prédateurs continuent, eux, dans le silence.
Pendant que tu m’accuses, tu détournes l’attention des vrais actes malsains.
Ce que tu refuses de ressentir, tu l’étouffes chez les autres
Tu ne supportes plus l’innocence.
Tu ne sais plus regarder un lien parent-enfant sans le sexualiser.
Et ça, ce n’est pas de ma faute. C’est un signe de l’époque.
Je refuse de devenir suspect parce que je suis un père aimant.
Je refuse de m’excuser d’aimer, de contempler, de vouloir garder la trace de ce qu’il y a de plus pur.
Je ne suis pas déviant. Je suis présent.
Je ne suis pas flippant. Je suis touché.
Je ne suis pas malsain. Je suis vivant.
On peut s’interroger, mais pas condamner sans preuve
J’invite à la conversation. J’ouvre l’espace.
Mais j’exige qu’on me parle avec le respect qu’on doit à tout être humain.
Oui, la vigilance est nécessaire. Oui, il y a des dérives terribles. Mais non, tout n’est pas suspicion. Tout n’est pas à salir.
Si tu ressens un malaise, questionne-toi.
Mais n’érige pas ton inconfort en vérité universelle.
Parce que sinon, on ne pourra plus rien partager.
Plus rien aimer.
Plus rien montrer.
Et ça, ce serait une perte immense.
Moi, je continue d’aimer
Je continuerai à regarder ma fille dormir.
Je continuerai à poser des mots sur ce lien, sur cette beauté fugace.
Je continuerai à partager ce que je ressens. Parce que c’est ça, la vie.
Pas les cris, pas les insultes.
Mais la tendresse qu’on ose encore exprimer.
Et ça, personne ne pourra me l’enlever.