Penser ou méditer ? Démêler les fils du mental
On croit souvent que méditer consiste à “arrêter de penser”. Comme si le simple fait de fermer les yeux et de s’asseoir suffisait à transformer le tumulte mental en un grand vide paisible. Alors, quand les pensées affluent, la question surgit : est-ce que je médite mal ?
Rassure-toi : tu n’es pas en train d’échouer. Tu es juste en train d’expérimenter ce qui est. Et c’est là tout le point.
Penser, c’est produire 🧠
La pensée est un outil fabuleux. Elle permet de comparer, d’analyser, d’anticiper. Quand tu penses, tu élabores un plan, tu cherches une solution, tu construis une suite logique. Ton esprit fonctionne alors comme un ordinateur : il prend des données, les traite, les associe.
Mais Spinoza le rappelait déjà : ce n’est pas tant le monde qui est inquiétant, que la manière dont l’esprit le juge. Nos émotions naissent de ces jugements. Une idée peut créer de l’angoisse ou de la joie, sans que rien n’ait changé autour de nous.
👉 Penser, c’est utile. Mais penser en boucle, c’est s’enfermer. Comme un disque rayé, la rumination te coupe de ta propre liberté.
Méditer, c’est observer 🌱
La méditation, elle, n’essaie pas d’arrêter le flux. Elle propose un autre rapport à ce flux. Observer sans juger, sans s’agripper.
Jon Kabat-Zinn, psychologue reconnu, fondateur de la “réduction du stress basée sur la pleine conscience” (MBSR), résume ainsi : méditer, c’est porter attention, de façon délibérée, au moment présent, sans jugement.
👉 Tu ne cherches pas à supprimer les pensées. Tu apprends à les voir passer comme des nuages dans le ciel. Certaines sont lourdes, d’autres légères, mais aucune n’a besoin de devenir ton identité.
Méditer, c’est cultiver la présence. C’est s’ancrer dans le souffle, le corps, l’instant. C’est revenir à la réalité nue, sans commentaire.
Peut-on arrêter de penser ? 🤔
Non. À moins d’être mort.
Ton cerveau produit des pensées comme tes poumons produisent de l’air. Vouloir les arrêter, c’est comme essayer de bloquer ta respiration : tu y arriveras quelques secondes, puis tout repartira plus fort.
Nietzsche parlait du courage d’être soi : “Deviens qui tu es”. Cela implique d’accepter tes pensées, même celles qui dérangent. La méditation ne cherche pas à les censurer, mais à transformer ta relation avec elles.
👉 Quand tu t’assieds pour méditer et que ça bavarde dans tous les sens, rappelle-toi : c’est normal. Tu n’as rien raté.
Que faire de ses pensées pendant la méditation ? 🌊
Imagine-toi assis au bord d’une rivière. Chaque pensée est une feuille qui passe avec le courant. Tu peux sauter dedans et te laisser emporter. Ou tu peux rester sur la berge et simplement regarder.
Méditer, c’est choisir la deuxième option. Observer le flux sans s’y noyer.
Des études en neurosciences montrent que la méditation modifie le réseau du mode par défaut, la zone du cerveau impliquée dans la rumination et l’auto-référencement. Méditer régulièrement réduit l’activité de ce réseau, favorisant un sentiment de clarté et de stabilité émotionnelle.
👉 La pensée reste. Mais elle ne t’avale plus.
Méditer mal ? Impossible. 🌌
Beaucoup se jugent : “je n’arrive pas, je médite mal”. Mais la méditation n’est pas une performance. Elle n’a pas d’objectif de réussite.
Épicure disait : “Le bonheur n’est que le produit de notre propre esprit”. Le but n’est pas de produire du vide, mais de retrouver une relation plus douce avec ce qui traverse ton esprit.
👉 Tu n’échoues pas à méditer. Tu apprends à voir ce que tu voulais éviter. Et rien que ça, c’est déjà énorme.
Penser et méditer, deux alliés ⚖️
Penser n’est pas l’ennemi. Méditer non plus. L’un produit, l’autre observe. Ensemble, ils t’aident à avancer.
- Tu penses pour construire ton projet.
- Tu médites pour ne pas te perdre dedans.
- Tu penses pour choisir ton chemin.
- Tu médites pour rester présent à chaque pas.
C’est l’équilibre entre action et contemplation. Entre mouvement et pause.
Et si tu arrêtais de vouloir arrêter ? 🌺
Méditer, ce n’est pas éteindre l’esprit. C’est apprendre à ne plus se laisser dominer par lui.
Tu n’as pas besoin de vider ton cerveau pour “réussir” ta méditation. Tu as juste besoin d’être là, de respirer, et d’accueillir ce qui se présente.
Comme le disait Marc Aurèle : “La vie de l’homme est ce que ses pensées en font”.
Autant apprendre à les voir passer… plutôt que de les laisser nous gouverner.