Orienter son désir : ça veut dire quoi concrètement ?
Tu as envie d’un nouvel iPhone. Tu sais que ce n’est pas vital. Mais l’envie est là, insistante, presque obsédante. Et puis tu lis : “il faut orienter son désir”. Ok, mais ça veut dire quoi ? Tu te dis : je dois bloquer mon envie ? La remplacer ? Et si je n’y arrive pas, je fais quoi ?
C’est là que la philosophie aide. Spinoza, les Stoïciens, Nietzsche… tous ont réfléchi à cette tension : nous ne choisissons pas d’avoir des désirs, mais nous pouvons apprendre à les habiter autrement. Concrètement, orienter son désir, ce n’est pas supprimer une envie. C’est la rediriger, lui donner une forme qui nourrit au lieu d’épuiser.
1. Reconnaitre son désir au lieu de le nier
👀 Ne pas fuir, mais observer
Premier réflexe quand un désir te paraît futile : la culpabilité. “Je ne devrais pas vouloir ça, je suis faible.” Erreur. Plus tu luttes contre ton désir, plus il grandit. Freud l’avait montré : refoulé, le désir revient ailleurs, plus fort.
Spinoza, lui, dit : observe. Comprends. Demande-toi : qu’est-ce qui se cache derrière mon envie de nouvel iPhone ?
- Est-ce un désir de nouveauté ?
- De reconnaissance sociale ?
- De confort technologique ?
- Ou juste une habitude de consommation ?
👉 Clé pratique : écrire ton désir noir sur blanc, et noter l’émotion qui l’accompagne. Tu passes déjà de l’impulsion à la conscience.
2. Rediriger plutôt que refouler
🔄 Donner une autre forme au feu
Orienter son désir, ce n’est pas dire non. C’est dire : “ok, j’ai cette énergie, où puis-je l’envoyer pour qu’elle me nourrisse vraiment ?”
Exemple de l’iPhone :
- Si c’est un désir de nouveauté, cherche une expérience nouvelle (un atelier, un voyage court, un livre inspirant).
- Si c’est un désir de reconnaissance, crée quelque chose et partage-le (article, photo, projet perso).
- Si c’est un désir de confort, améliore un espace de ta vie qui a vraiment besoin de douceur (ton bureau, ta chambre, ton temps de repos).
👉 Tu ne bloques pas le désir. Tu le transformes. Tu réorientes son énergie vers quelque chose qui a du sens.
3. Et si tu n’y arrives pas ?
⚠️ Le piège du “tout ou rien”
Tu essaies, mais l’envie revient. Tu repenses à l’iPhone. Tu bloques. Tu culpabilises. Stop. Orienter son désir n’est pas un exercice de perfection. C’est un entrainement. Comme un muscle.
Les Stoïciens rappellent : on ne contrôle pas toujours l’apparition du désir, mais on contrôle la manière dont on y répond. Ce n’est pas grave si l’envie revient. La question, c’est : est-ce que tu laisses l’envie décider à ta place, ou est-ce que tu reprends un minimum la main ?
👉 Clé pratique : différer l’acte. Tu veux acheter ? Attends 48h. Si l’envie est encore là et qu’elle te semble juste, ok. Sinon, tu verras qu’elle s’estompe.
4. Pourquoi c’est si difficile ?
🧩 Désir vs besoin
Parce que beaucoup de tes désirs ne sont pas vraiment les tiens. René Girard a montré que nous désirons par mimétisme. Tu veux un iPhone… parce que d’autres le veulent. Parce que ça renvoie un statut. Parce que la société entière entretient ce fantasme.
👉 Orienter son désir, c’est justement faire la différence entre :
- Un besoin (sécurité, repos, lien) → à nourrir.
- Un désir mimétique (copier les autres) → à questionner.
C’est difficile, oui. Parce que tu luttes contre des forces sociales énormes. Mais ce n’est pas impossible.
5. Trois étapes pour orienter concrètement ton désir
🛠️ Une méthode simple
- Nommer : écrire ton désir et l’émotion qui va avec.
- Traduire : demander : “De quoi ce désir est-il le signe ?” (nouveauté, reconnaissance, sécurité, liberté…).
- Rediriger : chercher une action concrète qui nourrit ce besoin profond sans tomber dans la fuite compulsive.
👉 Exemple : “Je veux un iPhone.” → signe d’un désir de nouveauté et de reconnaissance → action : lancer un projet créatif que je peux partager.
Conclusion : orienter, c’est choisir
Orienter son désir, ce n’est pas devenir moine, ni refouler toutes ses envies. C’est apprendre à faire la différence entre ce qui nourrit vraiment et ce qui épuise en boucle.
Spinoza avait raison : comprendre ton désir, c’est déjà le transformer. Les Stoïciens avaient raison : désirer ce qui dépend de toi, c’est trouver la sérénité.
👉 Si tu n’y arrives pas toujours, c’est normal. Mais chaque fois que tu observes, questionnes et rediriges, tu reprends un peu de liberté. Et tu passes de l’esclave de tes envies à l’acteur de tes choix.
Parce qu’au fond, orienter son désir, c’est choisir sa vie.
