Comment se définir soi-même ? Demandez donc à une personne ce qu’elle aime vraiment et pourquoi elle aime cette chose. Vous verrez qu’elle aura beaucoup de mal à l’exprimer. Maintenant, demandez à cette même personne ce qu’elle n’aime pas, et pour quelles raisons. Là, vous aurez une réponse ben plus précise. Ainsi, avec cette façon de penser, il nous est difficile de nous définir.
Agir contre, ou agir pour ?
Bien, je vais commencer ainsi : voilà quelques années désormais que j’accompagne des entrepreneurs. En premier lieu, j’étais avec pour les guider dans la construction de leur blog.
Je me suis très vite retrouvé coincé à l’époque parce que mes clients étaient tout à fait capables de me dire ce qu’ils ne voulaient pas, et pourquoi il ne le voulaient pas.
En revanche, il était déjà très difficile pour eux d’exprimer quelque chose de positif face à quelque chose qui pouvait leur plaire au premier regard. Et finalement, les mots ne venant pas (tiens, encore les mots, décidément, on les trouve partout), ils passaient à autre chose.
Malheureusement, ils conservaient un sentiment négatif : de la frustration. Ne pas arriver à expliquer quelque chose qui nous plait peut finir par nous agacer et finalement, nous conduire à nous détourner de cette chose.
Pour devenir un bon entrepreneur, avoir conscience de soi est une étape au moins importante, ou au moins prendre du recul sur soi pour observer les choses avec un autre regard, ça aide.
Je suis « je n’aime pas »
Mais revenons à cette expression du « je n’aime pas ». Lorsque nous ne sommes pas en mesure de chercher quelque chose qui nous plaise et que nous n’avons pas les mots pour en exprimer les raisons, il est alors bien plus facile d’utiliser un autre procédé.
Et ce procédé, c’est l’élimination. Donc, pour espérer trouver ce que j’aime, ce qui me fait vibrer, je vais d’abord chercher tout ce que je n’aime pas afin de l’éliminer.
Seulement, les choses que nous n’aimons pas sont nombreuses, très nombreuses. Et nous sommes tellement habitués à les chercher, que nous en trouvons toujours de nouvelles.
Et cette façon de procéder devient un réflexe. Mais à quoi nous sert-il vraiment ? Nous aide-t-il réellement à nous définir ? Hé bien non. Et pour vous aider à mieux penser, lisez donc cet article.
L’itération négative
Nous sommes enfermés dans une itération sans fin à chercher ce que nous n’aimons pas. Nous sommes capables d’expliquer pourquoi nous n’aimons pas le racisme, pourquoi nous n’aimons pas les inégalités, pourquoi nous pourrions ne pas aimer telle ou telle personne, tel ou tel mouvement, et ainsi de suite.
Et qu’est-ce que cela dit de nous de nos attentes, de nos valeurs ? Pas grand-chose. Nous passons nos vies à agir contre les choses, et nous pensons qu’en faisant de la sorte, alors nous agissons pour une noble cause.
Rien n’est plus faux. Lutter contre une chose ne met pas systématiquement en valeur son opposé. Cela met en avant ce qu’il ne faut pas faire. Par exemple lutter contre le racisme, ce n’est pas forcément lutter pour l’acception des différence. Ce sont deux choses différentes.
Nous expliquons aux enfants qu’il ne faut pas avoir tel comportement parce que telle raison, et qu’il vaut mieux agir autrement.
Agir en faveur de quelque chose, en faveur de soi
Et si on changeait l’ordre des mots ? Et si on parlait d’abord de ce qu’il faut faire et des raisons qui devraient nous pousser à agir de telle sorte ?
Savoir qu’il ne faut pas faire tel ou tel acte, c’est bien. Mais cela dit-il les raisons profondes qui devraient motiver un acte plus juste ? Non.
Revenons à l’entrepreneur. J’en vois qui veulent se lancer, quand je parle de l’envie d’apprendre, que se passe-t-il ? Et quand je pose la question du pourquoi, de la motivation, que se passe-t-il ?
Je ne veux plus de patron, je ne veux plus recevoir d’ordre, je ne veux plus travailler pour quelqu’un d’autre, je ne veux plus que l’on dispose de mon temps, etc… Des raisons « contre ».
Des raisons pour ? Peu, bien peu. Seulement, quand vous puisez votre motivation en opposition à quelque chose, quand cette chose vient à disparaitre, que vous reste-t-il ? Rien. Et donc, la source même de votre supposée motivation vient de s’évaporer. Aïe !
Vous arrivez à la station-service pour faire le plein de motivation, et là, plus une goutte ! Et aucun carburant de substitution. Et voilà notre entrepreneur en rade.
Alors, aujourd’hui, le grand truc, c’est d’être libre. Mais c’est quoi « être libre ». J’ai trouvé sur un site internet :
- Exercer une activité passionnante,
- En vivre confortablement,
- Avoir un projet utile
- Passer du temps avec sa famille
- Gérer son temps comme on le souhaite
- Travailler d’où on le souhaite
- Choisir ses clients
- Évoluer et apprendre de nouvelles compétences.
Que tout cela est beau ! Que tout cela fait rêver. Et que tout cela est déconnecté de la réalité de l’entrepreneur.
Quand on y regarde bien, moi, je ne vois que des choses qui sont en opposition avec le monde du salariat. Rien de plus.
Au mieux, c’est de la démagogie, un vulgaire gourou qui raconte au bon peuple ce qu’il veut bien entendre et le brosse dans le sens du poil.
Toutes ces choses ne sont aucunement des sources de motivations profondes qui peuvent aider un entrepreneur à réussir et à garder le cap sur le long terme. C’est juste… du bla-bla. J’ai trouvé cette liste sur un « manifeste » sur un site qui veut aider les entrepreneurs à réaliser leur projet.
Seulement, cette liste, je peux la trouver partout, chez n’importe quel gourou 2.0 qui veut me vendre de la liberté.
Démontons le mythe (désolé pour votre rêve)
Exercer une activité passionnante : je connais des millions de salariés qui sont passionnés par ce qu’ils font. Pas besoin de monter une entreprise pour cela. Et puis, la « passion » est quelque chose qui vous dévore, qui vous bouffe tout votre temps, toute la place dans votre esprit.
Croyez moi, quand vous être vraiment passionné, plus rien d’autre ne compte. Alors, parler d’une activité passionnante, c’est bien mal connaitre la nature humaine.
En vivre confortablement : déjà, c’est quoi « confortablement » ? 2000 euros net par mois ? 3000 ? 4000 ? 5000 ? Avant d’en arriver là, il va se passer du temps, et beaucoup n’atteindront jamais ce seuil. Quand on sait qu’un entrepreneur individuel gagne environ 500 euros par mois, le confort n’est pas pour tout de suite.
Avoir un projet utile ? Utile à qui, à quoi, de quelle façon ? Le pétrole est utile, mais il est aussi terrible pour l’environnement. Utile : dans ce cadre, cela veut tout et rien dire. Encore de la poudre aux yeux.
Gérer son temps, passer du temps en famille : quand on bosse chez soi, les premières années, on bosse comme des tarés pour trouver des clients, pour les servir et les satisfaire. Et croyez-moi bosser chez soi, ce n’est pas toujours la fête.
Choisir ses clients ? Quand on commence à avoir une réputation qui nous précède, on peut se le permettre, mais pendant des années, on prend les clients qui veulent bien nous choisir.
Chercher une vraie motivation en soi, un cap, un but
Alors, tout cela est bien beau, mais là-dedans, elle est où la vraie motivation, elle est où cette essence qui va permettre à l’entrepreneur d’agir pour lui, qui va lui permettre de surmonter touts les obstacles dont je viens de parler ? Bah, elle n’est pas là.
Ou alors, elle est bien cachée derrière un discours simpliste qui nous parle d’une pseudo réalité. Mais que voulez-vous, faut bien vendre du rêve.
Alors, revenons-en à nous, nous les entrepreneurs, et ce qui devrait nous motiver, ce qui devrait nous aider à surmonter les obstacles qui vont se dresser sur notre route, parce qu’il y en aura.
Vous savez ce qui fait que certains vont réussir et d’autres pas ? Ceux qui réussissent n’en n’ont à cirer des conneries et des poncifs que je viens d’énumérer. Ils sont totalement absorbés par autre chose.
Il ont une raison d’être, une raison d’avancer coute que coute, une force qui les porte quand tout semble aller contre eux. Ils ont une vraie direction à suivre.
Se fédérer soi pour fédérer les autres
Ils savent qui ils sont, ils savent pourquoi ils sont là, il savent pourquoi ils vont dans une direction précise, et ils savent comment ils y vont.
Vouloir du temps pour soi, choisir ses clients, et bla, bla, bla, ce n’est pas leur souci, ils s’en foutent !
Ils poursuivent quelque chose qui les prend aux tripes. Leur temps, c’est à ce projet qu’ils majoritairement le consacrer.
Ils savent répondre à la question « Qui suis-je », et ils répondent avec une vision d’eux-mêmes, une vision de leur action, une vision du monde qui est le leur, une vision de ce qu’ils souhaitent apporter.
Et c’est tout cela qui nous donne envie de les suivre. Ils ne passent pas leur temps à critiquer un système pour faire la même chose. Ils avancent vraiment, il étudient, ils améliorent. Et ils nous partagent leur vision.
Ils nous conduisent quelque part, et ne mentent pas sur la difficulté du chemin, et pire encore ! Ils sont tellement cons que ces difficultés les excitent à un point pas possible ! Faut être ravagé non ?
Bah non. Parce que dans le manifeste que j’ai descendu plus haut, pardon, mais l’entrepreneur, c’est pépère peinard, en pantoufle et total confort !
Alors qu’en réalité, un entrepreneur, c’est un putain de warrior, c’est une personne qui en veut, qui ne va rien lâcher, qui veut s’accomplir. Et pour cela, il a besoin de savoir qui il est, et ce qu’il veut transformer en lui pour atteindre ses objectifs.
Le point de départ de votre aventure, c’est vous, ce sont vos tripes, ce sont vos aspirations. Et si une vie confortable peut être une destination, cette motivation est suffisamment forte et puissante pour vous aider à surmonter les obstacles ? Je connais la réponse. Et vous ? La connaissez-vous ?
Alors, qui suis-je ?
Vous sentez vous en mesure répondre aussi précisément que possible à cette question ? Qu’est-ce qui vous fait vibre, pourquoi ? Qu’est-ce qui allume votre regard, vous met le ventre en feu, vous donne des ailes ? Et pourquoi ? Sauriez-vous répondre à ces questions ?
Je vais me prêter au jeu.
- Je suis humain, de peurs, de joies, d’envies et dégouts.
- J’aime une main tendue, une main qui dépasse les races, les âges et les situations sociales.
- J’aime un regard, un regard qui respecte, qui comprend, qui ne juge pas, qui accueille.
- J’aime le temps, qui passe, le regarder filer, l’utiliser pour m’élever, pour le donner aux autres.
- J’aime être là pour accompagner, pour soutenir, pour dire « je suis là, vas-y, pas de stresse, t’es pas seule-e ».
- J’aime voir le regard des autres et y apporter ma contribution à le faire pétiller, vivre, s’ouvrir.
- J’aime la couleur, les sons, les images, j’aime la vie, sentir mon cœur battre, mes oreilles entendre une voix, une musique, mes yeux regarder un paysage pour y plonger.
- Et je crois que la solution est en chacun de nous.