Pourquoi tu n’arrives pas à garder ton argent

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Ce que tes parents ne t’ont jamais dit sur l’argent (mais qu’ils t’ont transmis quand même)

Tu as sans doute déjà ressenti ce moment étrange. Tu es devant un achat plaisir, quelque chose de simple, peut-être une belle paire de chaussures ou juste un café en terrasse un peu trop cher. Tu as les moyens. Ton compte en banque est dans le vert. Tu es une adulte responsable, tu “gères”, comme on dit.

Et pourtant, au moment de sortir la carte, il y a ce micro-frein. Cette petite voix insidieuse, presque imperceptible, qui te murmure que c’est “pas raisonnable”. Ou au contraire, tu as ces pulsions d’achat compulsif, ce besoin de remplir un vide, suivi immédiatement d’une vague de culpabilité lourde, poisseuse.

On pense souvent que notre rapport à l’argent est une affaire de mathématiques, de tableau Excel ou de salaire net. C’est faux.

Si je mets ma casquette d’enquêteur et que je regarde les indices, la vérité est (souvent) ailleurs. Ton compte en banque est géré par un enfant de 7 ans. Cet enfant, c’est toi. Et le script qu’il récite, il ne l’a pas écrit. On le lui a dicté, soir après soir, à la table du dîner familial, entre la purée et le fromage.

Bienvenue dans l’enquête sur ton héritage émotionnel. Aujourd’hui, on ne va pas parler de placement financier. On va parler de ce qui se joue vraiment quand tu ouvres ton portefeuille : la loyauté, la peur et l’amour.

1. La scène du crime

La cuisine de ton enfance

Revenons en arrière. Pas besoin d’hypnose, juste d’un peu d’honnêteté. Quelle était l’ambiance à la maison quand il s’agissait de parler d’argent ?

Était-ce un sujet tabou, lourd de silences, comme un secret honteux qu’on cache sous le tapis ? Ou alors, était-ce le sujet des engueulades, des cris, des portes qui claquent parce qu’il n’y en avait jamais assez ?

Sans t’en rendre compte, tu as enregistré des “vérités” absolues. Ce sont des phrases assassines, répétées comme des mantras, qui sont devenues ta réalité :

  • “L’argent ne pousse pas sur les arbres.” (Traduction émotionnelle : Gagner sa vie doit être dur, souffrant. Si c’est facile, ce n’est pas mérité.)
  • “Les riches sont des cons / des voleurs.” (Traduction émotionnelle : Si je gagne bien ma vie, je deviens une mauvaise personne. Je trahis mon clan.)
  • “On n’a pas les moyens.” (Traduction émotionnelle : Je ne vaux pas la peine qu’on investisse sur moi. Le plaisir, c’est pour les autres.)

Ces phrases sont des empreintes digitales sur tes décisions d’aujourd’hui.

J’ai grandi dans une famille où le manque n’était pas une option, c’était la météo quotidienne. Je me souviens de l’eau qu’on chauffait à la casserole pour se laver. Je me souviens de la tension palpable, électrique, dès qu’une facture arrivait. Ça laisse des traces. Ça marque le corps.

Aujourd’hui, quand je vois une cliente, appelons-la Sophie, qui gagne très bien sa vie mais qui vit dans une angoisse perpétuelle de “manquer”, je sais qu’on ne réglera pas le problème avec un budget prévisionnel.

Sophie n’a pas un problème de trésorerie. Elle a un problème de mémoire. Elle continue de vivre le scénario de ses parents, alors même que la pièce de théâtre est finie depuis vingt ans.

2. Les suspects habituels

Loyauté et Trahison

Pourquoi est-ce si dur de changer ? Pourquoi, alors que tu sais intellectuellement que tu es en sécurité, tu te sens émotionnellement en danger ?

C’est là que l’enquête devient intéressante. Le mobile, c’est la loyauté.

Inconsciemment, nous pensons que pour appartenir à notre famille, nous devons partager ses soucis. Si tes parents ont galéré toute leur vie, réussir financièrement peut être vécu, dans les tréfonds de ton inconscient, comme une trahison.

  • Qui suis-je pour vivre dans l’abondance alors qu’ils se sont privés ?”
  • “Si je ne m’inquiète pas pour l’argent, je ne suis plus solidaire d’eux.”

C’est le cas de Thomas (nom modifié), un homme brillant que j’ai accompagné. Thomas a monté une boîte qui tourne. Sur le papier, c’est la réussite sociale parfaite. Belle maison, belles voitures, sécurité. Mais à l’intérieur ? C’est le bagne.

Thomas bosse comme un forçat. Il ne s’arrête jamais. Il ne profite de rien. Pourquoi ? Parce que son père, ouvrier, lui a appris que “l’argent, ça se gagne à la sueur du front”. Alors Thomas sue. Il s’épuise. Il se crée une prison dorée pour prouver à son père (pourtant décédé) qu’il est un “homme bien”. Il a l’argent, mais il a gardé la douleur du gain.

Il est riche, mais il vit comme un pauvre en sursis.

Il y a aussi l’inverse. Celles qui dépensent tout, tout de suite. Pour compenser. Pour dire “Merde” à ce passé de privation. Mais la colère est une mauvaise conseillère financière. Acheter pour se venger du passé, c’est encore laisser le passé contrôler ta carte bleue. Dans les deux cas, tu n’es pas libre. Tu réagis. Tu ne choisis pas.

3. Réécrire le script

De l’enquête à la libération

Alors, on fait quoi ? On ne peut pas changer son enfance. On ne peut pas effacer les phrases entendues. Mais on peut décider, aujourd’hui, de ne plus les laisser piloter le navire.

Voici comment mener ta propre contre-enquête et désamorcer ces bombes émotionnelles.

Étape 1 : L’interrogatoire des croyances

La prochaine fois que tu ressens une crispation (pour dépenser ou pour épargner), arrête-toi. Respire. Et pose-toi cette question simple :

“C’est la voix de qui, là ?”

Est-ce vraiment ta pensée d’adulte lucide, ou est-ce la voix de ta mère inquiète ? Est-ce la voix de ton père en colère ?

Identifier l’origine, c’est déjà reprendre le pouvoir. Tu peux dire : “Merci Papa, merci Maman, j’ai entendu votre peur. Mais aujourd’hui, c’est moi qui gère. Et la réalité est différente.”

Étape 2 : Le test de réalité

Prends cette croyance qui te bloque : “Si je dépense pour moi, je suis égoïste.”

Examine les preuves. Est-ce vrai ? Est-ce qu’acheter ce livre ou cette formation fait de toi quelqu’un de mauvais ? Ou est-ce que cela te permet d’être plus épanouie, et donc plus disponible pour les autres ?

L’enquêteur regarde les faits, pas les peurs. Les faits sont souvent beaucoup plus doux que nos angoisses.

Étape 3 : Créer ta propre définition de la richesse

C’est là que se joue ta liberté. Tu as le droit d’inventer ton propre rapport à l’argent.

Pour moi, la richesse, ce n’est pas accumuler des millions. C’est la capacité à s’acheter du temps. C’est la liberté de dire non à un contrat qui ne me plaît pas. C’est pouvoir offrir un bon repas à des amis sans calculer.

Pour Isabelle, une autre cliente qui sortait d’un divorce difficile où elle avait été dépendante financièrement, la richesse a commencé par un geste tout simple : s’acheter ses propres fleurs chaque vendredi. C’était banal. Mais c’était une déclaration d’indépendance. “Je peux prendre soin de moi.”

Retrouver le plaisir banal

L’argent ne doit pas être un maître tyran, ni un ennemi à abattre. C’est juste un outil. Un outil pour mettre de la fluidité dans ta vie.

Le but de tout ça, ce n’est pas de devenir le loup de Wall Street. C’est de pouvoir payer une baguette de pain, une facture d’électricité ou un voyage, en ressentant de la paix. Juste de la paix.

C’est ça, le vrai luxe. Ne plus trembler quand on regarde ses comptes. Ne plus s’excuser d’avoir de l’ambition. Ne plus culpabiliser de se faire plaisir.

Tu as le droit de trahir les peurs de tes parents pour honorer ta propre vie. Ce n’est pas de l’ingratitude. C’est de la guérison. Et bizarrement, c’est souvent ce qu’ils auraient voulu pour toi, s’ils avaient su comment faire.

Alors, la prochaine fois que tu sors ta carte bleue, fais-le en conscience. Regarde cet argent comme une énergie qui circule, pas comme un morceau de ta sécurité qui s’arrache. Respire. Et kiffe ce moment banal. C’est là que la vie commence.

Les informations publiées sur WhyIsLife.fr ne se substituent en aucun cas à la relation entre le patient et son psychologue ou tout autre professionnel de la santé mentale. WhyisLife.fr ne fait l’apologie d’aucun traitement spécifique, produit commercial ou service. Cet article ne remplace en aucun cas un avis professionnel.

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auteur stephane briot
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