Il s’est longtemps dit qu’exprimer sa colère était quelque chose de sain. Pourtant, à bien y regarder, la réalité n’est pas tout à fait d’accord avec cette croyance « psy » qui perdure depuis des années. Alors, la colère, bonne ? Pas bonne ? Et puis, comment ne plus se laisser prendre au piège de sa propre colère ? C’est ce que nous allons voir ensemble.
Les bienfaits de la colère ?
La première question à se poser est celle-ci : la colère apporte-t-elle un réel et durable mieux-être ? Hé bien non. La colère vous empêche d’accepter ce qui est, de fait, le temps passe, et vous restez collé de plus en plus loin dans la passé, avec cette colère qui vous bouffe.
L’abondante lecture sur le sujet nous apprend en effet que l’individu qui vit dans sa colère va très vite ressentir de la honte, de la culpabilité, baisse de l’estime de soi, impuissance, et un sentiment d’inefficacité à affronter la réalité.
Note : vous pouvez croiser un individu qui semble puissant, confiant, fort. Seulement, si vous grattez, vous découvrirez très souvent que derrière cela se cache de profondes douleurs et blessures. Cette personne n’est aussi forte qu’elle veut bien nous laisser le croire, c’est sa protection.
Voilà qui met d’entrée de jeu un joli stop aux idées reçues sur le bienfondé d’exprimer sa colère puisqu’après avoir ouvert les vannes, on ne peut pas parler d’un mieux-être. Sauf si la honte et la culpabilité font se sentir bien, ce dont je doute.
Pour la faire courte, exprimer sa colère c’est se sentir impuissant à faire face à la réalité qui nous entoure.
Mettons un bémol à cela. Dans certaines occasions, la colère est utile. Par exemple, si l’on vous agresse, vous avez le droit d’être en colère. En sport, un accès de colère canalisé peut aussi permettre à l’individu de se dépasser et ainsi de vaincre son adversaire. Si vos valeurs sont délibérément attaquées, la colère peut être une réponse appropriée.
Que cache la colère ?
Revenons-en à la colère de Mr ou Mme Tout le Monde dans le quotidien. Que cache la colère dans le fond, qu’exprime-t-elle ?
Voilà qui va surprendre bien du monde, car la colère exprime une exigence, vis-à-vis de soi, des autres, ou du monde en général (on peut aussi parler d’une croyance limitante qui va s’exprimer ici sous forme de colère)
Celui qui s’énerve parce qu’il est stressé par les évènements de sa vie, parce qu’il n’est pas servi assez vite, untel qui foudroie tel passant qui traverse en dehors des clous, tel autre qui fustige la personne qui partage sa vie pour ses horaires de travail, celui qui s’en prend à la télécommande qui n’a plus de pile, et j’en passe.
La colère exprime non pas une préférence, mais bien une exigence sur la façon dont soi, les autres et le monde devraient fonctionner.
Dans la colère, il n’est aucune souplesse, les choses et les gens doivent fonctionner de telle ou telle façon pour que cela fonctionne. Et il est hors de question qu’il en soit autrement, parce qu’un autre fonctionnement peut faire peur.
La colère a également tendance à déresponsabiliser son auteur. En effet, s’il se met en colère, c’est à cause des autres ou du monde, et tous ceux qui ne font qu’à l’embêter. C’est une victime. Nous verrons plus loin que c’est juste très faux.
La colère est-elle utile ?
Oui. Dans certaines situations la colère est une émotion qui nous aide à savoir lorsque notre territoire est envahi, lorsque l’on tente d’abuser de nous, de nous frustrer, de nous agresser.
Dans ces occasions, il est bien entendu légitime de se mettre en colère, de l’exprimer et de faire en sorte de rétablir nos droits.
La colère mobilise nos facultés d’indignation et nous permet donc d’agir pour lutter contre les injustices.
Toutefois, il est bon de garder de la mesure, car, comme nous le voyons par exemple sur les réseaux sociaux, s’indigner de tout, de rien et tout prendre de façon personnelle ne donne rien de bon, si ce n’est de l’aigreur.
Reprenons point par point
- La colère c’est décider comment les autres, soi et le monde doivent fonctionner
- Aucune souplesse, c’est ainsi et pas autrement
- Punir ceux qui gêne ou dysfonctionnent
- La colère n’est pas une préférence ou un souhait, c’est une exigence
Et il existe donc 3 types colère
- Celle dirigée contre soi
- Celle dirigée contre les autres
- Celle dirigée contre le monde en général
Comment évacuer la colère ?
Nous allons voir que la question n’est pas tant d’évacuer la colère. Cependant, si vous êtes victime d’un accès de colère, il existe des solutions pour ne peut tout ravager sur votre chemin.
- Si vous êtes avec des amis, ou des collègues, dites-leur que vous êtes hors de contrôle
- Respirez un grand coup, plusieurs fois de suite
- Cessez toutes joutes verbales, inutile d’attiser le feu
- Persuadez-vous que votre colère ne va rien apporter de bon
- Quittez le lieu, et isolez-vous quelques instants
- Buvez un grand verre d’eau, ou allez marcher
Tout ceci a pour but de vous aider à retrouver du calme en vous et de vous éviter d’en rajouter, au risque de tout démolir.
Comment gérer la colère ?
D’abord, la colère est une émotion. Et comme toutes les émotions, il est possible d’apprendre à y apporter une réponse adéquate.
Lorsqu’un individu rentre dans la colère, c’est qu’il se passe, pour lui, quelque chose qu’il ne peut tolérer, qu’il ne peut accepter.
Hé bien, comme toute émotion, le premier pas est d’accepter. Acceptez que tout le monde ne voit pas et ne vive pas le monde comme soi. C’est bête, mais votre vision du monde et de la réalité peut ne pas coïncider avec celle des autres.
Accepter demander donc de la souplesse d’esprit. Cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas agir sur ce qui vous exaspère.
Cela veut dire que vous allez vous donner l’occasion d’agir autrement, plus en conformité avec vos valeurs et celles des autres, dans un cadre plus respectueux.
Cela va vous demander deux choses : une conscience de soi aiguisée pour détecter quand vous montez en pression, et du temps, parce qu’évoluer ne se fait pas d’un coup d’une seul.
Une colère vous donnera souvent le contraire de ce que vous attendiez. Est-ce bien cela que vous voulez ? Hé bien non. Alors, pourquoi persister dans cette voie ?
La colère en résumé
De plus, vivre la colère, comme nous l’avons vu au débit de cet article, cela va provoquer des émotions négatives, et chez celui qui le ressent et l’exprime, et chez la personne qui en sera la cible.
Rien de bon ne peut sortir de la colère. Nous pouvons être agacés ou frustrés, de là à se laisser aller à la colère ?
Au fait, se mettre en colère contre une personne, c’est nier cette dernière dans tout ce qu’elle est, c’est nier son parcours, sa vie, ses émotions, ses attentes. Avez-vous envie de nier une personne que vous appréciez, aimeriez-vous être nié de la sorte ?