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Si vous avez lu l’article précédent, vous savez sans doute que j’ai donc eu la joie de vivre un nouvel infarctus. Forcément, quand on ne fait pas attention à sa santé, le risque de rechute devient bien plus grand. J’ai rechuté.
Malgré cette rechute, je suis en vie. Et plutôt en bonne santé physique. Tous les tests médicaux le disent. Et s’il est vrai que mon cœur a bien souffert de cet accident, il est tout aussi vrai qu’il va aussi bien que possible.
Comment ça va, un mois plus tard ?
Ça veut dire quoi « aussi bien que possible » en réalité ? Ça veut dire que je peux marcher à un bon rythme, monter les étages à la maison sans être essoufflé, faire mes courses, refaire des câlins coquins avec ma chérie, allez enfin chercher ma fille au collège le soir, prendre un thé en sa compagnie après ses cours, aller me balader au parc, et bientôt, refaire un peu de sport, d’abord en milieu hospitalier, puis tout seul comme un grand, si tout va bien.
L’échéance qui me fait flipper
Toutefois, il va me falloir attendre le 23 décembre 2022 pour en savoir plus quant à la suite des évènements. En effet, y’a quand même un truc qui coince.
Pour la faire courte, il est ici question de la capacité de contraction du cœur, capacité qui lui permet de renvoyer le sang dans l’organisme.
On ne le sait pas, mais cette capacité de contraction est simplement vitale, et plus elle est faible, plus le risque de mort subite est grand.
Sans jouer le cardiologue de service, que je ne suis clairement pas, il existe un seuil en dessous duquel l’individu se retrouve dans une zone de grand danger. Cette limite est fixée à 35%.
Lors de mon infarctus, j’étais tombé à 14%, puis à ma sortie de l’hôpital, j’étais à 34%, et peu de temps après, aux alentours de 40%. Toutefois, pour éviter tout risque, je suis actuellement équipé d’un défibrillateur portable. Un gilet équipé de capteur et de quoi envoyer un choc électrique si mon cœur venait à s’emballer.
Le principe est donc d’éviter de claquer dans la rue, à la maison, dans la nuit, et j’en passe, en intervenant de façon instantanée.
Les moments clés post-infarctus
Il existe une autre « limite » avec l’infarctus. En fait, y’en a plusieurs. Y’a d’abord les minutes qui suivent l’accident en lui-même. Puis, les premières 48h, et enfin, les 40 jours qui suivent l’infarctus. Tout ce temps représente des zones à risques pour le cœur.
Si dans certains films on parle d’infarctus comme d’un évènement qui passe crème, dans la réalité, c’est pas la même chanson du tout.
Les progrès de la médecine et des traitements
Alors, oui, y’a 20 ou 30 piges, avec mes deux infarctus, je ne serais plus là pour vous parler, où alors, je serais dans un sale état. IL est vrai que la médecine a fait de sacrés progrès. Les traitements aussi.
Mais il est un truc que la médecine ne prend pas du tout en charge, un domaine où vous allez vous retrouver face à vous-même, où chaque patient doit faire seul. C’est la tête.
Ce qui se passe dans la tête après un infarctus est quelque chose que je ne souhaite à personne de vivre, pas même à une personne que je pourrais détester.
Pourquoi je porte un soutien-gorge
Vivre avec un défibrillateur, au quotidien, quelque chose qui vous rappelle ce que vous avez vécu, qui vous rappelle la fragilité de votre existence, c’est pas la fête tous les jours.
Parce que, même quand on commence à sortir la tête de l’eau, quand sèchent les larmes, quand la peur s’atténue, il reste ce gilet que l’on porte autour de la poitrine (ça ressemble à un soutien-gorge, avec une énorme batterie à la ceinture et des câbles). Et on sent bien le truc sur soi.
Je n’avais jamais porté de soutien-gorge, et je ne m’étais jamais posé la question du confort ou non d’un tel truc. Bah c’est chiant ! Bon, ceci étant, je n’ai pas non plus la poitrine de ma femme par exemple, et dans son cas, un soutien-gorge a sans doute son utilité et doit également apporter du confort.
En ce qui me concerne, porter un défibrillateur, c’est pas la joie tous les jours. C’est même bien anxiogène. Je dors avec, je me réveille avec, je vis avec, tout le temps. Sauf le temps de prendre la douche. Mais de fait, j’ai interdiction d’être seul à la maison pour me doucher, et je dois donc informer ma femme quand je suis dans la salle de bain.
Un peu de calme après la tempête
Je ne vais pas vous cacher que les deux premières semaines furent un véritable enfer. Et peu à peu, j’ai commencé à relever la tête. Avec le traitement, le soutien de ma femme et de ma fille, la reprise de la marche, mes journées se passent bien mieux.
Je bataille encore avec mon réveil. Des idées sombres, de la peur. Et puis, peu à peu, au fil de la journée, j’arrive à me détendre, je m’occupe l’esprit. Je peins, je fais des maquettes, j’écris beaucoup. Pas pour le blog, mais pour le plaisir ou pour me vider de ces émotions sombre. L’écriture est bon outil pour cela. Le soir, je regarde des séries. Et puis, je sens revenir doucement l’anxiété une heure ou deux avant de dormir. La peur du lendemain matin, et cette date du 23 décembre. Cette foutue peur qui nous colle au basque, et dont je parle ici.
Parce que, si mon cœur ne se trouve pas au-dessus de cette limite des 35% dans je vous parlais un peu plus avant dans ce billet, je vais avoir le droit à une opération chirurgicale pour que l’on m’implémente un défibrillateur à vie. Et ça, franchement, ça me branche moyen. Mais s’il n’y a pas le choix…
Une histoire de coeur
Alors, mon objectif premier, c’est que mon cœur récupère autant que possible pour ne pas se retrouver dans cette zone très dangereuse de l’insuffisance cardiaque.
Il faut savoir que la force maximale de contraction du cœur est de 55%. Alors, si j’arrive à me situer à 45%, bah franchement, vu d’où je reviens, je serais plus qu’heureux. Et puis, on vit très bien ainsi !
Il est une autre chose importante à savoir, c’est qu’en dehors des athlètes de haut niveau, nous n’utilisons que très rarement toutes nos capacités corporelles, et donc cardiaques.
En outre, j’ai pris un moment pour avoir un regard honnête et constructif sur ma vie sur ces 30 dernières années. Je suis devenu sédentaire, je n’avais plus aucune activité physique (après avoir pratiqué intensément jusqu’à 27 ans), et je fumais, trop.
Reprendre là où je me suis arrêté
Alors, en y regardant bien, cet accident peut sans nul doute devenir un mal pour un bien, un grand bien, quelque chose qui va me pousser à continuer ce que j’avais commencé en arrivant dans le nord.
En effet, je m’étais remis à marcher bien plus que je ne l’ai jamais faite à Marseille, une ville où je n’aimais pas me balader, trop bruyante, trop chaude.
Arrivé sur Tourcoing, j’avais peu à peu repris goût à la marche, avec une moyenne de 5 à 6 km par jour, puis, je m’étais mis à la nage, entre 30 et 45 minutes de brasse chaque jour.
Tout ceci m’avait fait un bien fou, tant au corps qu’à la tête. Seulement, pour éviter cet infarctus, il était un peu tard, mes artères étaient déjà trop encrassées. Mais voilà, j’ai bien l’intention de reprendre tout ça.
Aujourd’hui, je suis mieux dans mes pompes et dans ma tête qu’il y a un mois. J’ai repris la marche, chaque matin et chaque fin d’après-midi.
Ce qui se passe dans la tête est aussi très important. Dernièrement, j’ai dû réaliser un test d’effort sous surveillance médicale. Je n’ai pas été bien loin. Ce n’est pas le corps qui posa problème. C’est la tête. J’étais inquiet, anxieux, et je n’avais qu’une peur : refaire un infarctus durant l’effort.
Hé ouais, j’ai très mal géré mes émotions. Comme quoi, quand on est directement impliqué, les choses sont tout de suite plus délicates, alors coach ou pas, j’ai perdu les pédales. Et il m’arrive encore certains matins de pédaler dans la semoule, de me retrouver en larmes, submergé par la peur de ma propre mort.
C’est quoi la suite alors ?
Les médecins sont confiants sur ma santé, les examens sont bons, pas normaux, le cœur étant touché, mais les résultats sont aussi bons que possible. Ce qui est une excellente nouvelle. De plus, je vais bientôt quitter cette zone des 40 jours post-infarctus.
Maintenant, la rééducation va commencer, le 18 octobre, et puis, je vais m’attacher à prendre soin de ma tête, avec l’aide d’un psychologue. C’est une chose que je n’avais pas faite après mon premier accident. Là, il est important que je le fasse. Je ne souhaite pas continuer à vivre avec cette présence sombre dans mon esprit.
Il est évident que je ne pourrais plus jamais avoir cette forme d’insouciance qui caractérise une personne n’ayant jamais connu ce type d’évènement. Cependant, cela ne veut pas dire que je ne puisse pas retrouver une stabilité qui m’apporte du bonheur. Si je peux y arriver seul, comme durant la rédaction de ces quelques lignes, il n’y a pas de raison que je ne puisse y parvenir de façon durable.
Je vais également continuer d’écrire un peu pour WhyIsLife. Au moins pour ne pas perdre les bénéfices du travail déjà accompli. Google n’aime pas quand un site reste inactif trop longtemps. Alors, je vais continuer d’écrire. Pas vraiment d’article sur le développement personnel au sens strict du terme.
Ce seront des articles plus intimistes, comme celui-ci, quelque chose où je vous partage ce que je suis en train de vivre. Cela intéressera peut-être quelques personnes.
Il est évident que nous ne sommes pas du tout dans la version gourous et grande réussite à renfort d’incantations et de « yakafokon ». Nous sommes dans une vraie réalité, présentée sans fard, sans maquillage.
On se retrouve très bientôt. Merci d’avoir lu.